Aké, les années d'enfance
de Wole Soyinka

critiqué par Septularisen, le 17 janvier 2021
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
UNE ENFANCE AU NIGÉRIA.
«Il était une fois»… Et oui, ce livre pourrait sans doute commencer par «Il était une fois», et se poursuivre par… Un jeune garçon africain très intelligent, qui ne rêvait dès son plus jeune âge, que d’aller à l’école et d’apprendre tout ce qu’il pouvait… Malheureusement pour lui, il était surtout un rêveur et un gaffeur impénitent, qui vivait dans un petit village, nommé Aké au Nigeria.

Ce petit garçon s’appelle Wole. Il vit avec son père Essay, directeur d’école et passionné de jardinage, sa mère Eniola commerçante à la foi vive, surnommée «Chrétienne sauvage», ainsi que ses nombreux frères et sœurs… Le jeune Wole qui a un esprit vif et avide de lectures, nous raconte avec de nombreux détails (et de nombreuses digressions aussi, il faut le dire…), sa jeunesse, avec tout ce qu’il peut comprendre du haut de son jeune âge.
Nous aurons donc droit tour à tour à des commentaires en ce qui concerne l'éducation, l’école, l’obéissance, les punitions, la religion, la nourriture, les relations hommes-femmes, ses camarades de classe, sa famille, la mission catholique, les jeux, les anciens et le respect qui leur est dû, etc etc…

«Aké, les années d’enfance» est le premier tome des mémoires de l’écrivain nigérien Wole SOYINKA (*1934, prononcez Choyinka en Yoruba), qui couvre les premières années de sa vie (1934-1946). Que dire de plus sur ce livre? C’est bien écrit, d’une écriture simple, linéaire, très facile à lire d’un style très familier (j’ai d’ailleurs trouvé une très grande différence entre le langage et les mots utilisés dans ses pièces de théâtre et ceux utilisés ici, la traduction peut-être?).

L’auteur se contente de nous raconter ses souvenirs, les uns après les autres, à la suite, comme empilés, sans véritable fil rouge, sans véritable fil conducteur, une anecdote après l’autre, sans nostalgie, mais comme vus par un jeune garçon, avec son lot d’incompréhension, de mystère, de tendresse, d’humour, de violence, d’émotions, de traditions, de modernité…
On passe ainsi du coq à l’âne ce qui perd parfois un peu le lecteur, mais les pages se tournent facilement, et on est surtout happé dans le récit par ce côté «découverte» (j’hésite à dire exotique), de l’Afrique de ces années-là. La preuve? Vous savez vous ce qu’est de l’Ori? De l’Ebiripo? De l’Ikokore? De l’Eba? Ou encore des Chin-chin?...

Mais, ce que j’ai trouvé de plus beau dans ce livre est sans conteste la galerie de personnages et les portraits que nous en dresse l’écrivain nigérien. On découvrira ainsi donc entre autres: «Chrétienne Sauvage», aussi gentille que sévère, Essay et sa passion pour ses rosiers, le révérend Ramsone-Kuti, et ses méthodes d’éducation insolites, Iku, le collégien voleur et casse-cou, Moâ-même, le gentilhomme parasite, Sorowanke, la folle du village, Folasade la petite sœur de Wole, qui disparaît tragiquement le jour même de son premier anniversaire…

Je finis toutefois un peu déçu. C’est un bon livre, un très bon livre, mais, pour moi, ce n’est pas le chef d’œuvre absolu, le «monument» de la littérature africaine, dont on parle dans les différentes recensions que j’ai pu en lire. Je reste d'ailleurs convaincu que M. SOYINKA est plus un auteur de théâtre, que de prose. Toutefois, si l’on découvre l’œuvre de l'écrivain nigérian, ce livre autobiographique est l'idéal. Je vais d'ailleurs certainement lire d’autres volumes de sa biographie, pour mieux approfondir cette «facette» de M. Wole SOYINKA.

P.S.: Rappelons si nécessaire que Wole SOYINKA a été en 1986, le premier écrivain africain lauréat du Prix Nobel de Littérature. Il est d’ailleurs au moment même où j’écris ces lignes, le plus ancien lauréat vivant à avoir reçu cette récompense, puisque c’était il y a… 35 ans!