Trois âges de la nuit: Histoires de sorcellerie
de Françoise Mallet-Joris

critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 9 juin 2003
(Liernu - 56 ans)


La note:  étoiles
Trois histoires de sorcellerie
Comme son titre le laisse entendre, ce recueil regroupe trois drames arrivés à trois personnages à des moments différents de leur vie.
Comme point commun, la sorcellerie à la Renaissance, car oui, il y bien un fil rouge, rouge comme le diable, rouge comme lorsque nous voyons rouge quand quelque chose nous échappe, rouge comme le sang versé lors des séances de torture.

Dans « Anne ou le théâtre », nous découvrons une enfant dont la mère est morte depuis longtemps et qui dès lors suit son père dans ses déplacements, transbahutée dans sa carriole de colporteur.
Elle subit ce père, buveur et qui lui mène la vie dure, sans jamais émettre la moindre plainte.
Lorsqu'elle devient femme, une lueur terrible apparaît dans le regard du père : il veut se débarrasser d'Anne (« Devant une femme, ne sera-t-il pas contraint d’être un homme, enfin ? »).
Anne sera confiée à l’orphelinat des soeurs noires de Liège.
Elle se soumettra au règlement, faisant plus que son devoir, développant une piété exemplaire.
Facile à comprendre : elle se sent enfin exister aux yeux des autres, même si la condition en est des privations extrêmes, cela en vaut la peine.
Séduite par sœur Marie de la Croix, elle va tenter de capter son mystère. car on susurre dans les couloirs qu’avec soeur Marie de la Croix, le couvent tient peut-être sa miraculée, qui sait ?.
Elle finira, par ses questions et ses insinuations, à rendre sœur Marie à moitié folle…
A la fin de son éducation, Anne demande à être placée en ville.
Interloquées d’abord, les soeurs acceptent et lui trouvent un petit emploi chez Christiane où Anne devra raccommoder des hardes.
De fil en aiguille, elle s'aperçoit que Christiane, accompagnée d’autres personnages qui défilent régulièrement au magasin, participe à de drôles de soirées.
Et voilà comment Anne assistera à son premier sabbat.
Lorsque Christiane et les autres seront arrêtés, sur qui détourneront-ils les soupçons ?
Qui voudront-ils attirer avec eux sur le bûcher ?…

« Elizabeth ou l'amour fou » présente une jeune femme.
Petit détour par son enfance terrible, sa mère l'ayant élevée dans le dégoût de son corps, pour ne pas dire d’elle-même.
Pieuse à outrance, Claude est terrifiée par l’idée du péché et poursuivra sa fille de questions insidieuses ou brutales pour s'assurer qu’elle se tient éloignée du diable : « Tu ne t'es pas regardée dans le miroir, au moins ?
Tu t’es habillée avec modestie ? » ou encore « -Mais tu as pris du plaisir, n'est-ce pas, à ses éloges ?
Tu as senti la séduction du diable ?
-Mais non, Maman, je vous jure !
-Et qui me dit que tu ne mens pas ?
Que tu n'es pas déjà corrompue, souillée ? ».
Effrayant.
Elizabeth renonce à son désir d'entrer au couvent pour plaire à sa mère qui compte la marier à un homme plus âgé.
On a l'impression qu'Elizabeth s'absente de sa vie depuis cette union jusqu’à traverser avec indifférence les naissances de ses enfants, et parfois leur mort.
Lorsque l’époux décède, Elizabeth est encore jeune et l’on se dit ouf !
elle va vivre, enfin !
Et cela semble bien parti avec le lien particulier qui s’établit avec son médecin.
Charles et Elizabeth sont terriblement amoureux mais…
Le lourd héritage que lui a laissé sa mère, ce carcan qui l’ampute, la condamne et c'est avec toutes ses forces qu'elle repoussera cet amour.
Comment cette histoire mènera-t-elle au bûcher ?
A vous de voir…

« Jeanne ou la révolte » met en scène l’interrogatoire de Jeanne, accusée de sorcellerie, par Jean Bodin.
Pas mal non plus car Mallet-Joris s'y prend à merveille pour démontrer que lorsque l’opinion du juge est faite, tous les faits et gestes de l'accusée seront interprétés comme des confirmations.
Jeanne, fille de sorcière et jouant elle-même un peu trop avec les herbes, est intelligente.
Lors de son interrogatoire, elle déstabilise son interlocuteur, fera de même avec le greffier et plus tard, jouera avec le mental du bourreau chargé de la torturer.
Sorcellerie que tout cela ?
Ou révolte face à l'injustice ?
Françoise Mallet-Joris, qui s’est basée sur des faits réels pour ces trois romans en un, livre ici des histoires de sorcellerie qui ne relèvent pas du genre fantastique.
Malgré deux passages longuets et un peu barbants… , il s’agit d'un livre passionnant.
Ces trois femmes à la psychologie complexe laissent une amertume derrière elles, celle des existences qui ne s'appartiennent pas.
En cours de route. 8 étoiles

Me promenant dans la bibliothèque de ma ville, entre deux recherches et une curiosité fleurissante, je suis tombé sur ce livre qui me prit de curiosité. Certes, au effleurement historique et d'une forme ne s'apparentant pas à ce que je lis habituellement, je dois avouer avoir été charmé par le déplacement des lignes dans l'évolution des histoires.

Il y a un profil historique, psychologique, religieux même, se laissant en vague sur l'hésitation naturelle vers le surnaturel. D'une profondeur unique et déconcertante par moment. Une réflexion sur soi, sur le bien et le mal, mais pas à la portée de tous ...

(:

Lenigmatique - - 32 ans - 17 avril 2011


Un peu long 6 étoiles

J'avais ce livre dans ma bibliothèque depuis des années quand je me suis enfin décidée à le lire. Je m'intéresse à la sorcellerie, mais je n'aime pas les romans historiques ou ce genre de trucs, donc ici, ça part mal...

Je me suis un peu ennuyée en lisant ce livre, durant certains passages, je perdais le fil. Je lui donne trois étoiles, mais de justesse.

Janiejones - Montmagny - 38 ans - 14 mai 2007