Le grand nulle part
de James Ellroy

critiqué par Heyrike, le 30 mai 2003
(Eure - 56 ans)


La note:  étoiles
Trois
Deuxième volume du Quatuor de Los Angeles (Le Dahlia Noir, Le grand Nulle Part, L.A. Confidential, et White Jazz)
Trois personnages : Danny Upshaw, Mal Considine et Buzz Meeks.
Danny Upshaw est un jeune flic, il enquête sur une série de meurtres particulièrement horrible, la traque du tueur en série va très vite virer à l'obsession.
Mal Considine est un flic ambitieux qui vise un poste auprès du bureau du procureur. Son mariage est en train de s'effondrer, lorsqu'il est contacté pour faire partie du bureau des enquêtes sur les activités anti-américaines.
Buzz Meeks, un ancien flic, est au service de Howard Hughes comme homme à tout faire, des missions musclées au rabattage de jeunes filles en fleurs, désireuses de devenir actrices, pour le compte de M.Hughes et de ses fantasmes. Meeks a quitté précipitamment la police suite à une fusillade dont il était la cible.
Tous trois sont hantés par leur passé, qui les condamne à exister en étant toujours obligés de fuir, et à évoluer par bonds aléatoires successifs, comme dans une immense partie de marelle, guidés uniquement par l'ambition et le désespoir. Ils s'uniront, à l'instigation d'un politicien ambitieux ("véreux"), dans la chasse aux sorcières "communistes".

Trois couleurs : le rouge, le noir et le gris.
Le rouge communiste, dite "la menace rouge". Cette peur du communisme, qui dans les années cinquante a secoué l'Amérique pour déboucher sur une période digne de l'inquisition Espagnole, le Maccarthysme. Subterfuge utilisé pour anéantir toutes les revendications salariales des gens du cinéma, du moins est-ce la théorie avancée par Ellroy, ce que je veux bien croire. Le rouge sang des crimes commis par un tueur en série, qui tue et mutile, de manière atroce, des homosexuels, orchestrant des mises en scènes macabres comme pour souligner son désir absolu de vengeance.
Le noir qui exacerbe la dérive d'une société, qui sort d'une guerre terrible, à la recherche d'une voie susceptible de la conduire vers plus d'humanité, plus de rêves. Le noir qui tend sa toile sombre sur le monde du cinéma, machine à rêves, qui conduit beaucoup de jeunes aspirants à la gloire vers la déchéance.
Le gris, parce que rien n'est ni tout noir, ni tout blanc. Parce que l'individu est fait de telle sorte qu'il peut au gré de ses aspirations, de ses doutes, de ses angoisses, basculer d'un côté ou de l'autre, à moins qu'il ne soit jamais réellement possible de les situer quelque part. Les personnages errent plutôt dans une sorte de monde intermédiaire, où tout est réalisable, où rien n'est durable, qu'il leur faille constamment jouer sur plusieurs tableaux à la fois, histoire d'être certains d'avoir toujours une issue de secours.
Comme dans le Dahlia Noir, l'écriture est rapide et percutante, ce qui donne toujours ce rythme haletant. J'ai un peu décroché vers le milieu du récit (le livre fait 638 pages), où j'ai eu un sentiment de redondance dans la trame des chapitres traitant de "la menace rouge", pour tout compte fait être happé par un rebondissement ultime et captivant.
Très bon roman, même si cela ne fait pas de moi un fan de ce genre littéraire.
Lu avidement jusqu'au bout de la nuit... 10 étoiles

Lu il y a longtemps, mais le souvenir en est resté, de ces nuits blanches passées à en suivre les longues pages avidement... A mon sens, avec le Dahlia noir (le top du top du roman noir), le meilleur de la série du Quatuor de Los Angeles. Les deux suivants sont un ton en dessous. Lisez au moins les deux premiers, dont ce Grand Nulle Part de très haute volée, vous ne le regretterez pas. James Ellroy est le plus grand écrivain de romans noirs. Chapeau.

Cédelor - Paris - 52 ans - 2 janvier 2015


Salvateur 8 étoiles

A l'heure ou la morale gaucho-bobo provoque tant de ces dommages (tout en tapant toujours sur ces mêmes qui les dérangent...) il serait conseillé de lire une oeuvre d'Ellroy - plutôt à l'opposé et moins molle, pour ceux qui les connaissent !

On ne va heureusement pas résumer l'intrigue mais en quelque sorte dans Le Grand Nulle Part tout est inversé, les méchants sont les bons et vice versa (par contre on n'y tolère pas les fiottes.) Tout le monde se drogue et le méchant personnifié du livre, une "Reine Rouge", qui comme le note l'auteur agit exactement ainsi que ces membres des services secrets d'extrême-droite, est plutôt actuel tout en étant de toute façon bien plus intéressant que ce jeune bleu chronique qui débute dans la police. C'est là qu'on trouve ce qui fait tout le charme de James Ellroy, opérant à l'inverse d'un Raymond Chandler, qui lui c'est vrai, avait plutôt tendance à embellir ses criminels et détectives. Ici, les folles sont bien folles et possèdent des cerveaux ayant la trivialité et le délire absolu comme religion...

Vénéneux donc, le livre l'est, très critique également, et demeure aussi quelque peu difficile à suivre dans les détails mais il n'en reste pas moins une expérience unique pour le lecteur de se plonger dans une époque qui a forgée l'Amérique d'aujourd'hui; n'en déplaise à ses ennemis.

Antihuman - Paris - 41 ans - 23 juin 2014


D'une belle complexité 8 étoiles

« Lorsque la pluie cessa peu après trois heures du matin, l’inspecteur adjoint Danny Upshaw émit la prédiction que les années cinquante allaient être une décennie de merde. »

Deuxième volet du Quatuor de Los Angeles, suite du Dahlia Noir, nous nous retrouvons au début de l’an 1950 dans un récit à trois voix qui s’alterne : l’inspecteur qui enquête sur une série de meurtres homosexuels, un lieutenant qui sert un aspirant-procureur magouilleur qui veut combattre le communisme pour ses fins personnelles et un policier retraité, maintenant homme à tout faire du richissime Howard Hugues.

C’est un livre qui je me suis empressée de lire en partie parce que j’ai hâte de lire le tome suivant tétralogie, L.A. Confidential, reste que j’ai trouvé un bon roman noir. Ca m’a pris au moins une bonne centaine de pages pour vraiment entrer dans le récit, c’était inégal parfois cependant entre l’alternation des trois protagonistes, les intrigues secondaires ne sont pas toutes aussi intéressantes que l’histoire principale, bien que ça étoffe les personnages. L’histoire est complexe, comme on nous y avait habitué avec Le Dahlia Noir, et on peut dire que c’est un épisode bien fait.

Nance - - - ans - 30 décembre 2011


Attention au décrochage 8 étoiles

J'ai moi aussi trouvé ce roman très bon mais je voudrai mettre en garde ceux qui ne l'ont pas lu contre le flot d'informations au milieu du livre qui est un peu lourd à digérer, alors que l'histoire en elle-même n'avance pas. Amis lecteurs, soyez persévérant car lorsque le puzzle commence à se mettre en place, plus moyen de lâcher le bouquin.

GilB - - 47 ans - 28 août 2011


Très très bon 10 étoiles

C'est le 1er livre d'Ellroy que je lis, quel plaisir !
Difficile au début de se retrouver dans la vingtaine de personnages importants, surtout que je n'avais pas lu le dalhia noir avant qui doit quand même donner quelques portes d'entrée dans ce roman.
Mis à part ça, quel plaisir, quel rythme, et quelle imagination !!! Cela vaut mille fois un film où tout est montré, ici la suggestion et la description des personnages est vraiment au top, on imagine toutes les scènes et tous les visages avec un réel plaisir. Imaginer Reynold Loftis ou Claire de Haven, voire Dudley Smith et Mickey Cohen, c'est un pur bonheur ! Sans oublier nos trois 'héros' qui sont hyper attachants car fragiles, remplis de contradiction et de souffrances enfouies.
Bref, j'ai adoré, et je viens de me lancer dans LA Confidential... Affaire à suivre quant à ma relation avec cet écrivain !

Panda - VLG - 44 ans - 23 mars 2011


Un très grand roman noir 10 étoiles

"Le grand nulle part" nous plonge dans l'univers sombre de l'Amérique des années 50 et de "la chasse aux sorcières". Les ambitions d'un procureur passent par la "destruction" des Rouges à Hollywood. Le but est de virer l'association actuelle des travailleurs hollywoodiens qui manifestent pour une augmentation des salaires et des conditions sous le prétexte de subversion communiste pour la remplacer par l'association des camionneurs, beaucoup plus docile avec son voyou de patron. Deux des personnages principaux sont embrigadés dans cette affaire. Le 3° bosse sur le meurtre d'un homosexuel dont tout le monde se fout. Au fur et à mesure de leurs enquêtes, les 3 hommes vont lentement mais sûrement glisser vers l'enfer. Ellroy décrit cette dérive de manière très réaliste en nous faisant suivre des héros qui ont une part sombre en eux. Meeks est même l'anti-thèse parfaite du héros, pourri jusqu'à la moelle, mais pour lequel on finira par avoir de la sympathie.

Comme souvent chez Ellroy, le nombre incroyables de personnages rend la lecture assez difficile au début. Pendant le premier tiers du bouquin, je suis souvent revenu en arrière pour relire tel ou tel passage. Mais cet effort permet de découvrir tout l'univers du bouquin et de pouvoir aborder le 2° tiers très sereinement. Le nombre de nouveaux personnages est beaucoup moins important et l'intrigue se tisse, le trio commence à se retrouver, les emmerdes se profilent à l'horizon. Le dernier tiers du bouquin est une apothéose avec des révélations dans tous les sens et un emballement de l'intrigue qui nous tient en haleine jusqu'à la dernière page.

C'est noir, très noir même, mais magnifiquement écrit et très prenant, un très gros coup de coeur pour ce roman pourtant moins connu que "Le dahlia noir" ou LA confidential" du même auteur. A mon avis, un incontournable.

Loic3544 - Liffré (35) - 45 ans - 24 juin 2008


Sombre à souhait 8 étoiles

Après le Dahlia Noir, Ellroy récidive dans la même veine. Flics ambigus, crimes crapuleux, femmes fatales, le tout sur fond historique avéré, on retrouve les mêmes ingrédients que le premier tome du quatuor de LA. Niveau écriture, c'est peut-être un poil long et redondant, notamment les séquences de chasse aux sorcières, mais l'ensemble se lit malgré tout facilement.
Du très bon polar!

Gooneur - TOULOUSE - 40 ans - 25 mai 2008


Un des meilleurs d'Ellroy 10 étoiles

Second volet du 'Quatuor de L.A.', ce roman est certes long, mais néanmoins remarquable. Une histoire à triple tranchant (trois personnages principaux, Ellroy récidivera pour, entre autres, "L.A. Confidential"), où chaque détail est scrupuleusement utile pour la comprenette. Un joyau du roman noir.

Bookivore - MENUCOURT - 41 ans - 30 mars 2008