Le monde jusqu'à hier: Ce que nous apprennent les sociétés traditionnelles
de Jared Diamond

critiqué par Falgo, le 11 décembre 2013
(Lentilly - 84 ans)


La note:  étoiles
Très difficile à estimer
Le principe directeur de Diamond dans cet essai est de dresser une comparaison entre les sociétés traditionnelles et les sociétés étatiques développées sur un grand nombre de sujets d'organisation et de comportements sociaux. Il avance l’argument - très solide - établissant que nous connaissons l'homme (psychologie, sociologie, etc.) et l'homme en société au travers d'études réalisées presque exclusivement sur des individus appartenant aux Sociétés Démocratiques Occidentales, Eduquées, Industrialisées et Riches (en anglais: WEIRD). Ce point de vue est tellement étroit au regard de l'histoire humaine qu'un éclairage venant des sociétés traditionnelles en tant que représentant de l'humanité depuis les origines est totalement légitime.
Pour ce faire, Diamond reprend la simple et robuste classification des organisations humaines établie par Elmer Service: bande, tribu, chefferie, état. Pour les sociétés traditionnelles, il préfère utiliser le vocable "groupes de petite taille", c'est à dire en gros de taille inférieure à 10 000 individus. Il part du constat que, dans ces sociétés, existent ou existaient une proximité et une connaissance mutuelle des personnes qui ont disparu dans nos sociétés étatiques où la fréquentation d'inconnus est quotidienne. Les thèmes abordés sont innombrables: répartition des terres; frontières territoriales; commerce; délits, crimes, vengeance et justice; guerre et paix; traitement des personnes âgées; éducation des enfants; notions de danger et de risque; religion; langues parlées; santé. Pour les traiter, il utilise bien entendu son immense culture et une réflexion sur notre société contemporaine. De nombreux exemples parsèment le texte, tiré de ses expériences sensibles et de ses lectures ainsi que de la fréquentation d'experts de toutes les disciplines concernées.
Le lecteur trouve dans ce texte une réflexion approfondie sur tous ces sujets.
Je me pose la question de ce qu'il peut en tirer.
Bien sûr, il y a d'innombrables exemples et réflexions. Mais qu'apporte véritablement ce texte en dehors de l'assertion simple que les comportements individuels et sociaux dépendent largement du contexte dans lequel ils s'exercent.
Des manque cruels pèsent sur l'ouvrage, par exemple: l'absence quasi totale de référence à l'Egypte pharaonique; aucune réflexion sur la mondialisation actuelle; dans la répartition des terres, aucune trace de l'opposition propriété individuelle - propriété collective, revendication actuelle de nombreux peuples; pas de relation entre la notion de risque et le principe de précaution; aucune référence aux comportements des villages français à la libération concernant la notion de vengeance; etc. La référence concernant le monde moderne est trop exclusivement celle faite aux Etats Unis, alors qu'il existe de par le monde des comportements très différents de l'américain.
Je me demande donc si, sur ce coup alors qu'il nous a habitués à des réflexions majeures, Diamond n'est pas trop ambitieux. Il procède pour l'essentiel à une approche synchronique entre, pour faire simple, le monde étatisé et les sociétés traditionnelles. Une approche diachronique aurait peut-être été plus efficace: comment ont évolué nos sociétés et qu'ont-elles perdu au cours de cette évolution et qu'il nous faudrait retrouver - avec leurs conditions de possibilité - pour rendre le monde actuel et futur plus habitable?
On trouve dans ce texte plusieurs pistes de réflexion, mais j'avoue ma déception par rapport à l'ambition et à la taille de l'essai.
A la découverte de peuples dits premiers 6 étoiles

Le sujet traité ici voudrait être celui de la culture des peuples depuis 11000 ans. Trop vaste en soi, il est réduit à quelques champs de comparaison entre sociétés traditionnelles et contemporaines. C’est grâce à une quarantaine d’études et observations menées principalement autour du Pacifique par des ethnologues, des anthropologues, des archéologues et des géographes que ce monde d’une grande diversité nous est dévoilé. Selon qu’il s’agit de cultivateurs, d’éleveurs ou de chasseurs-cueilleurs, de leur taille et de leur densité, de leur environnement, ils ont chacun leurs coutumes.
Leurs réponses ne sont pas les mêmes aux questions d’organisation de l’espace, d’éducation des enfants, de santé et de gestion des risques. Le fait religieux est constamment présent, à la fois pour expliquer l’origine des phénomènes et pour apaiser l’angoisse. Le nombre des langues parlées y est impressionnant, tout comme le multilinguisme exercé dès le plus jeune âge. Les structures claniques ou tribales, développent des liens sociaux, une solidarité forte entre individus d’une même famille élargie, d’une même ethnie. Les coutumes très codées ont créé des règles subtiles de compensation pour les litiges courants, n’ayant rien à envier à nos systèmes juridiques.
Très surprenant est de voir comment des millions d’habitants de la Nouvelle Guinée découverte en 1931, ont basculé en si peu de temps de chasseurs-cueilleurs à des individus branchés au fait des dernières technologies, se présentant sans complexe au départ de leurs aéroports ultramodernes. Un voyage intéressant dans le temps qui pourrait nous inciter à plus de modestie.

Colen8 - - 82 ans - 21 janvier 2015