Kotik Letaiev
de Andréi Biély

critiqué par Julien23, le 22 octobre 2013
( - 44 ans)


La note:  étoiles
l'inconscient de l'enfant...
Avec Kotik Letaiev, Biely réussit à nous faire sentir l'enfance avec la complexité de structures sous jacentes aussi élaborées que les lacis de pilotis de Venise...
Et pourtant rien ne semble didactique dans ce livre...
On voit cet enfant et l'on ressent surtout la magie indicible de l'enfance qui grouille autour de lui, dans l'atmosphère des rêves, de la poésie, des monstres où des mythes, des enfilades de chambres. Tout est à la fois vrai et pourtant irréel... On pense à un autre enfant, on le voit marcher, sourire et pleurer aussitôt, s'émerveiller, l'on sent dans les yeux la beauté du monde, beauté perdue par les hommes... Ou de trop connaître les yeux pour vraiment voir et s'émerveiller, redécouvrir le mystère. Il avance comme un petit funambule, tombe doucement se relève et sourit, clément, merveilleux, beau, magique, essaimant le mystère, la poésie. La fièvre peut être un délire, une magie, l'inconnu un monstre, un dieu, un ami, l'impossible n'est plus. Les mémoires d'enfance ont souvent ceci de lassant qu'ils ne donnent qu'une portée un peu plus grande et parachevée d'une beauté nobiliaire à l'action. Seul Biely restitue avec ce livre la magie de l'enfance, toute entière, la poésie de l'être. La fascination nous revient, loin des clichés et nous succombons. Avec Kotik Letaiev, Biely s'enfonce dans l'inconscient et le matériau poétique atteint son apogée. La langue n'est qu'images, rythmes, ruptures, symphonie.
En russe "kot" veut dire chat, "kotik" signifierait donc chaton. Manière de douceur et de fascination pour le mystère s'il en est un. Que cela est beau. Qu'il est beau ce chaton...
Hors norme...