La légende de Bloodsmoor
de Joyce Carol Oates

critiqué par Paofaia, le 20 octobre 2013
(Moorea - - ans)


La note:  étoiles
Le fabuleux destin des soeurs Zinn
Second volet d'une trilogie " gothique" , après Bellefleur, Joyce Carol Oates nous raconte l'histoire de la famille Zinn qui vit non loin de Philadelphie. Par le biais du récit de la biographe d'une autre famille, assez déjantée également, si je puis dire, les Kiddemaster , je passe les détails sur les Kiddemaster, mais Joyce Carol Oates s'en est donnée à coeur joie!

Cinq filles chez les Zinn, dont une adoptée, et, bien sûr cinq destins différents .

Quel talent! Et quelle documentation, aussi, dans les thèmes historiques abordés, théâtre, engouement pour le spiritisme , multiples inventions dont celle de la chaise électrique . Le titre français est particulièrement bien choisi, car , en fait, ce n'est donc pas vraiment l'histoire de la famille Zinn qui nous est racontée. Mais bel et bien sa légende, la narratrice, apôtre de la bien- pensance, a bien sûr ses personnages préférés, et ne raconte que ce qu'elle veut bien raconter! Et c'est là que se manifeste l'humour ravageur de JCO qui a dû bien s'amuser dans son pastiche et ce roman à plusieurs niveaux .

Car enfin, et même si cette narratrice essaie de nous noyer sous les détails comme pour nous faire oublier la dure réalité, qu'advient-il de ces soeurs, ça vaut quand même le résumé!!

Spoiler..:

L'aînée, Constance Philippa, s'enfuit le jour même de son mariage, et reviendra à la réunion finale de lecture du testament de la sainte tante ( on pourrait en reparler, de celle-là, cette sainte nitouche qui s'avale des flacons de laudanum pour garder le moral!)- en travesti.

La deuxième, Malvinia, se sauve aussi , rencontre un Mark Twain légèrement sur le retour , et devient actrice, connue d'abord, puis beaucoup moins; en tout cas, complètement allumée, et sa haine des hommes donne une scène d'anthologie où le pauvre Twain manque de perdre son " appareil de reproduction" scène que la narratrice a bien du mal à raconter tant elle se proclame ignorante des termes à employer!

La petite dernière, Samantha, semble la plus saine d'esprit, elle se sauve aussi, bien sûr, mais pour vivre le parfait amour avec un employé de son père. Shocking!!

Quant à Octavia, j'avoue que les chapitres la concernant sont mes préférés. Les descriptions des pratiques sexuelles sadiques que lui fait subir son mari sans que jamais elle ne moufte, et comment elle finit par l'étrangler bien involontairement sont d'une férocité fort réjouissante. Même la mort de son fils, petit caractériel sadique comme son père, ne manque pas d'humour..

Et enfin, Deidre, la brebis galeuse, l'adoptée , devenue médium sous l'influence de la célèbre Mme Blavatsky , quel retournement de situation...
Et j'en oublie, bien sûr, les parents sont loin d'être tristes!

Oui, quel talent d'écriture! Avec, pour moi, dans ce roman, les défauts de ce talent, on n'en sort plus!! Chaque petit détail en amène un autre, chaque histoire une autre, et on sent que si JCO pouvait encore détailler encore un peu plus chaque personnage, elle y prendrait le plus grand plaisir. Il y a vraiment beaucoup ( trop?) de notes...

Cela n'empêche pas évidemment le plaisir, renouvelé pour l'instant à chaque fois pour moi , pris à la lire.