Ecrits historiques et politiques
de Simone Weil

critiqué par Elya, le 16 octobre 2013
(Savoie - 34 ans)


La note:  étoiles
Un point de vue sur la politique internationale et l'histoire des dernières décennies
Voici le livre avec lequel j’ai découvert Simone Weil. Je me suis intéressée à cet auteur parce qu’un des membres de ce site me l’avait recommandé lorsque je cherchais des essais traitant de géopolitique. Au départ, je pensais me tourner vers des ouvrages uniquement d’actualité très contemporaine (XXIème siècle), et qui plus est non vers des philosophes ou historiens. Mais finalement, je me suis dit que sur cette thématique, finalement peu étayée sur le plan scientifique, le regard de philosophes du XXème siècle pouvait être éclairant. Je me suis procurée en livre électronique ces Ecrits historiques et politique, qui parmi les œuvres de Simone Weil disponibles, semblaient les plus proche de ce qui m’intéressait, à savoir : le point de vue d’une philosophe concernant la politique internationale du XXème siècle. C’est ainsi que j’ai appris que Simone Weil avait édité un seul livre de son vivant, qui n’est pas celui-ci. De nombreux ouvrages existent cependant, parus après sa mort précoce.

Ici, il s’agit d’un recueil d’articles parus dans divers revues et de lettres, tous écrits dans les années 30 et le début des années 40. Le livre s’articule en deux parties ; une première traitant d’histoire ; une seconde, celle qui m’a le plus plu, traitant de politique. Bien évidemment les barrières entre ces deux champs les démarque peu, aussi y a-t-il des idées politiques dans la partie historique, et vice-versa.

La première partie interroge essentiellement la politique hitlérienne, et réalise en particulier une analogie entre le système hitlérien et l’ancienne Rome, concernant leur méthode mais aussi leur « esprit ». Simone Weil interroge l’intérêt de la centralisation de l’Etat qui s’accentue de plus en plus depuis l’époque Napoléonienne, et s’inquiète de la barbarie croissante au milieu du XXème siècle.

La seconde partie est donc celle dont j’ai extrait le plus de texte, et dont j’ai le plus suivi les descriptions des faits et l’analyse de Simone Weil. J’ai parfois recopié des pages entières tellement j’étais impressionnée par la vigueur et la justesse, dans mes représentations, des propos de Simone Weil. Il m’est très difficile de résumer des chapitres finalement très disparates et sans grand fil conducteur. Je citerai donc en vrac, quelques sujets traités : l’intérêt de la « décentralisation de la vie politique, économique et sociale en France », les méfaits de la colonisation, le prolétariat international, les profits de la guerre, les relations entre le communisme et le fascisme…

Deux choses m’incitent particulièrement à revenir vers d’autres écrits de Simone Weil : le sentiment d’immense culture littéraire et connaissances historiques qui se dégage de ses propos, alors qu’elle n’avait qu’une vingtaine puis trentaine d’années ; surtout, le caractère non péremptoire mais tout de même engagé de ses écrits, et son esprit critique. Voir par exemple ce passage à propos d’un certain « effondrement économique » courant XXème siècle, où elle nous dit qu’il faut « réfléchir au sens des mots et qu’on se demande s’il y a jamais eu effondrement économique. Comme toutes les questions extrêmement simples, si simples qu’on ne songe jamais à les poser, celle-ci est propre à jeter dans un abîme de réflexions. »