Benjamin n'aime pas lire : une histoire sur la dyslexie
de Kristien Dieltiens, Marjolein Pottie (Illustration)

critiqué par JulesRomans, le 9 octobre 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Une âme soupire et n'aime pas lire
Voici un album avec 12 pages de texte (il y a aussi des pages ne proposant qu'une grande illustration) contenant en moyenne environ 200 mots, en conséquence il s'adresse soit aux enfants de 7-10 ans qui ont un élève dyslexique dans leur classe, soit à un jeune dyslexique d'au moins 8-9 ans, soit à un parent ou enseignant d'un enfant dyslexique.

Pour les adultes, après les pages de récit, il y a une double-page de compléments documentaires. Cette partie intitulée "Pour en savoir plus" est extrêmement bien faite. Dans un esprit de vulgarisation de bon niveau scientifique, elle développe les points suivants :

Qu'est-ce que la dyslexie-dysorthographie ?
Le cas particulier de Benjamin (un regard critique sur le récit)
Comment savoir si mon enfant est dyslexique ?
La lecture
La mémoire auditive
L'écriture
Les autres problèmes linguistiques
Les autres problèmes moteurs
Les symptômes cachés et difficiles à détecter
Les points forts dyslexiques
Quelques dyslexiques célèbres

Ces pages sont rédigées par une orthophoniste canadienne et on aimerait que les parents français, qui voient l'orthophoniste pour leur enfant diagnostiqué comme dyslexique, se voient seulement expliqué le quart des idées contenues ici.

Le récit de "Benjamin n'aime pas lire" démarre dans une classe très multiculturelle de première année d'école élémentaire et nous suivons le héros également dans ses jeux avec une petite fille dont il est amoureux. Le récit se conclut à la fois avec les dons du héros pour inventer des histoires de trolls et par l'aveu par le père de Benjamin que lui aussi est dyslexique. Nous aurions aimé que cet aveu se fit au passé et non au présent car cela aurait plus ouvert l'avenir du héros et de l'ensemble de ceux qui un jour à raison (voire à tort, car il est assez facile de coller un tel mot à des difficultés qu'on s'explique mal) se sont vus catalogués ainsi. De même que la personne adulte dyslexique soit une autre personne que le père, aurait permis de ne pas s'enfermer dans l'idée qu'il pourrait y avoir une hérédité familiale. Toutefois tout ceci est affaire de détail.

Le graphisme est séduisant, et l'illustratrice a su alterner dessins en double-page et en surface réduite ; ces derniers sont souvent porteurs d'une dose humoristique. Si les Canadiens ont su profiter de cet ouvrage depuis plusieurs années, il est depuis peu largement diffusé en Europe.