L'invention de la pauvreté
de Tancrède Voituriez

critiqué par Isad, le 31 août 2013
( - - ans)


La note:  étoiles
Vivre très confortablement du malheur des autres
Quand un riche humain, organisme ou État donne, il attend de la reconnaissance et une honnêteté envers lui comme quelque chose qui lui est dû. Voyant que son ‘‘pauvre’’ jouit de l’argent en vains plaisirs jusqu’alors inaccessibles (biens futiles ou débauche) que lui-même consomme (ou s’abstient tout en vivant dans cet environnement et en profitant à différents titres), il est déçu par son geste généreux qui n’améliore pas la situation du monde. Dépité, frustré que son idéal de vertu n’ait pas fonctionné, il devient amer. Et comme son action malgré les sommes colossales investies depuis des dizaines d’années, ne fait pas diminuer la pauvreté, il modifie les seuils par de savantes formules de calcul nourries d’hypothèses soupesées par consensus pour estimer la réalité. Sa manipulation prend exemple sur les populations de thon rouge qui varient au gré des experts. Il la localise au gré des négociations politiques internationales pour servir les intérêts des dirigeants et faire perdurer les dons afin que les fonctionnaires internationaux puissent continuer à porter la bonne parole et s’applaudir dans des séminaires qui fonctionnent en vase clos.

Si cette peinture des grandes institutions intergouvernementales est réelle, et il est probable qu’elle le soit car la lecture de ‘‘L’aide fatale’’ de Dambissa Moyo, converge également dans cette direction, il est préférable d’agir localement à petite échelle loin de tous ces grands discours et bonnes intentions faits par des personnes qui font des effets d’annonce et ne sont pas là pour constater la mal-réalisation des projets ou leur détournement.

J’ai insisté sur l’aspect réflexion qu’il amène mais bien sûr, ce livre est avant tout un roman et peut se lire uniquement comme tel car il fait aussi dans la sentimentalité.

Nous avons le puritain et raisonnable conseiller économique d’organisations internationales pour le développement qui a élevé son frère après le décès de leurs parents. La quarantaine venue il s’éprend d’une jeune et belle vietnamienne pauvre et nonchalante qui éveille légèrement ses sens et se dit qu’il va faire une bonne action. Il la ramène aux États-Unis où il la laisse étudier et faire la fête avec ses nouveaux amis avant de l’épouser. Un professeur mathématicien jouisseur spécialiste des poissons collectionne les femmes et les divorces. Là il veut faire une pause et démissionne pour s’installer dans la cabane de jardin d’une maison que son avocat cherche à vendre et que le conseiller achète. Les semblables s’attirent et vont fuir les décisions sages mais ternes pour vivre pleinement.

Quelques dessins, esquisses réalistes croquées sur une nappe, illustrent les ébats des protagonistes amoureux.

IF-0813-4086