Léo Taxil & la franc-maçonnerie satanique, analyse d'une mystification littéraire
de Thierry Rouault

critiqué par Le rat des champs, le 28 août 2013
( - 73 ans)


La note: étoiles
Un épisode tragicomique de l'histoire
L'histoire de la vie et de "l'oeuvre" de Marie-Joseph Jogand-Pagès dit Léo Taxil (1854-1907) pourrait faire l'objet d'un roman si elle n'était pas aussi incroyable, puisqu'ici, la réalité dépasse de très loin la fiction. Cet homme, qui a réussi à faire un art de la mystification la plus grossière est toujours abondamment lu et commenté, notamment sur les sites conspirationnistes qui sévissent sur le web.

La première partie de l'oeuvre de Taxil est marquée par un anticléricalisme assez délirant et se caractérise par des ouvrages comme "A bas la calotte", "les soutanes grotesques", "le fils du jésuite" ou "les maîtresses du pape".

Excommunié, il fait un pèlerinage à Rome où il reçoit l'absolution du pape Léon XIII, et se met aussitôt à écrire de nombreux livres calomniant les francs-maçons, en les accusant des pires turpitudes, notamment sexuelles et diaboliques. Il faut dire que le fumiste avait été exclu de la franc-maçonnerie dont il n'avait acquis que le premier degré pour cause d'escroquerie littéraire.

Le pape Léon XIII ira même jusqu'à condamner les cardinaux qui n'étaient pas dupes et qui dénonçaient les calomnies de Taxil. Le canular prit des proportions phénoménales et dura plus de douze ans, au cours desquels il inventa le personnage de Diana Vaughan, jeune et belle repentie d'un culte satanique intitulé le "palladisme".

En 1897, Léo Taxil avoua publiquement la supercherie lors d'une conférence à la société de géographie de Paris.

Malgré la preuve de la mystification apportée par les aveux de son auteur, les ouvrages anti-maçonniques de Taxil continuent à être lus et sont considérés par de nombreux complotistes allumés comme des références absolues, au même titre que ceux, tout aussi délirants de l'abbé Barruel.

Ce livre de Thierry Rouault, extrêmement bien écrit, très détaillé et précis, peut être considéré comme l'ouvrage de référence sur cette étonnante fumisterie qui malgré les multiples preuves de fausseté apportées par son auteur continue à intoxiquer les esprits.