L'inconnue de Birobidjan
de Marek Halter

critiqué par Pacmann, le 27 février 2014
(Tamise - 59 ans)


La note:  étoiles
Incroyable destin
McCarthy et sa clique interrogent une certaine Maria (alias Marina), une jeune actrice accusée d'être entrée aux USA avec le passeport ayant appartenu à un agent secret américain chargé d’infiltrer l’Union soviétique.

Pour se défendre, Maria décide de raconter l’incroyable vérité, pensant ainsi qu’elle aura un espoir de sauver sa tête.

Elle commence par expliquer avoir été la maîtresse d’un soir du Petit Père des Peuples, nuit au cours de laquelle l’épouse légitime se suicide de désespoir, car sans cesse trompée par son bourreau de mari.

Témoin gênante, elle se doit de disparaître et après s’être fait oubliée tout un temps elle est obligée de se faire passer pour une juive et se réfugie au Birobidjan en plein conflit mondial. Cet Etat juif autonome créé par Staline aux confins de la Sibérie et à la frontière de la Mandchourie, devient pour elle une base pour un nouveau départ dans sa vie.

Belle femme courtisée par les notables des lieux, elle tombe amoureuse du médecin local qu’elle épouse mais qui s’avère être aussi un espion américain. Démasqué par les autorités, après avoir elle-même subi un internement, elle tentera de sauver son mari du goulag, avant de fuir aux Etats-Unis, où, ironie de l'histoire, la commission McCarthy l'accuse d’être elle-même une espionne à la solde de Staline et d'avoir assassiné son mari.

Ce roman basé sur une certaine réalité historique quasi ignorée nous balade dans l’Union soviétique de 1932 à 1945. On accompagne l’héroïne de Moscou à la Sibérie, des camps de travail aux affres du Maccarthisme, passant de la terreur du monde communiste à un monde américain paranoïaque à la veille de la guerre de Corée.

On y découvre aussi la politique de Staline à l’égard des juifs et en particulier le destin incroyable de cette région juive autonome, le Birobidjan.

Le style adopté par l’auteur se veut avant tout narratif entrecoupé de dialogues et visant clairement à plaire à un large public. Tantôt c’est l’héroïne elle-même, tantôt c’est un journaliste chargé de suivre les audiences de la commission McCarthy qui relate l’évolution de la vie de Marina au cours des quatre jours de procès.

Ce bon roman d’aventure ne vole pas dans les hautes sphères de la littérature et certains passages ayant trait au théâtre ralentissent inutilement le rythme. L’auteur tient aussi en haleine le lecteur afin de savoir si finalement Marina va sauver sa tête au cours de la mascarade judiciaire dont elle est la victime. En résumé, un bon moment de détente, mais le livre doit surtout son mérite à la mise en lumière de cette terre promise de l’Est.