Magasin général, Tome 8 : Les femmes
de Régis Loisel (Scénario et dessin), Jean-Louis Tripp (Scénario et dessin)

critiqué par Blue Boy, le 10 août 2013
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Le charme sans la magie des premiers tomes
L’hiver est là et la plupart des hommes du village sont partis quelques jours pour chercher du bois.
A Notre-Dame-des-Lacs, seuls sont restés le curé, Serge et les plus âgés. Alors que les femmes vaquent à leurs occupations, Marie réalise qu’elle est enceinte et décide d’en parler à Serge, devenu son meilleur confident…

Rien à redire sur le plan du graphisme du tandem Loisel-Tripp, qui demeure le même depuis le début de la série : dessin chaleureux, couleurs feutrées et cadrage sensible. Une grande humanité se dégage de cette BD et les personnages finissent par faire partie de vos proches au fil de la série.

Néanmoins, ce que je redoutais déjà dans le tome précédent semble se réaliser ici. Il ne se passe pas grand-chose, les moments truculents sont plus rares, et curieusement j’ai ressenti peu d’émotion. J’ai pourtant espéré jusqu’à la fin, mais l’ennui m’a gagné, inexorablement. Les auteurs se contentent de reprendre des éléments des tomes précédents, peut-être pour combler le vide scénaristique de celui-ci… L’atmosphère cosy de Noël dans la nuit québécoise, c’était bien, alors pourquoi ne pas en remettre une couche ? Les petits « tableaux » de la vie champêtre, parfait pour maintenir le côté authentique… C’est sûr, ça ne manque pas de charme, mais tout ça tient trop de la redite, avec peu de passages vraiment dignes d’intérêt (exception faite de la mise en « dissidence » du curé, qui réduit la fréquence des messes avec l’assentiment quelque peu honteux des villageoises). Et à mon grand dam, les « chti zanimaux » dont la présence mièvre m’insupportait de plus en plus dans les tomes précédents ont continué à s’accrocher ici comme des chancres.

C’est dommage, parce que j’avais bien accroché dès le début de cette brillante saga, mais les deux dernières me laissent un goût assez mitigé. Cette fois, il me semble qu’un point a vraiment été franchi. Et ce point, c’est celui où l’inspiration quitte la scène en loucedé en laissant à sa place une coquille vide. Il serait donc peut-être temps d’en finir. Enfin en même temps, je dis ça, je dis rien…
Notre Dame des Lacs, en temps de paix. 9 étoiles

Je suis amoureuse de cette série depuis ses débuts. J'aime les thèmes abordés par les auteurs, leur collaboration, dont le résultat me semble extrêmement réussi, et les personnages ô combien attachants, que je suis toujours très triste de quitter.
Ce tome est un peu celui de la sérénité, il s'y passe effectivement peu de chose, chacun des personnages semblant avoir trouve après bien des tourments une sorte de paix.
Ce n'est pas évident de raconter le bonheur, ça n'a rien de très palpitant... Mais je trouve que Loisel et Tripp savent rendre cette absence de péripéties intéressante malgré tout (bon, il y a tout de même le personnage assez génial du curé qui traverse une "crise de foi"!) les personnages évoluent, les femmes se libèrent, un couple se forme... et Marie, enfin heureuse, je trouve ça beau à lire.
Les dessins sont toujours aussi magnifiques, les cadrages aussi bien sentis, aucune baisse de régime non plus de ce point de vue là.
Par contre, je suis d'accord avec Blue Boy, ces petits animaux tout mignons, c'est vraiment en trop!

Valadon - Paris - 42 ans - 12 janvier 2014