L'homme qui a tué le cerf
de Frank Waters

critiqué par Heyrike, le 5 avril 2003
(Eure - 56 ans)


La note:  étoiles
Entre tradition et modernité
Années 1930, Martiniano est un indien Hopi qui tente de s'intégrer auprès des siens au sein de la réserve. Mais les 6 années passées dans un pensionnat tenu par les blancs, au nom de la loi du "Kota" qui contraint les familles Hopi à céder certains de leurs enfants au gouvernement soi disant pour les éduquer, l'ont sérieusement affecté. En effet entre le
pragmatisme des blancs qui lui ont inculqué des valeurs individualistes supposées lui permettre de s'accomplir dans sa vie, et les traditions Indiennes qui lui enseigne que seul l'unité tribale peut le mener vers une existence harmonieuse et pleine d'enseignement sur le grand mystère, Martiniano semble totalement perdu. Il n'aura de cesse de rechercher désespérément la voie qui le conduira vers la connaissance et l'accomplissement de son destin. Après de nombreux heurts, avec les autorités gouvernementales et les membres du conseil tribal, il se retrouvera de plus en plus marginalisé et sera rejeté aussi bien par les blancs que par les siens qui voient en lui le "Fauteur-de-Troubles" susceptible d'envenimer les relations, déjà si compliquées, entre la tribu et le gouvernement Américain.
Long sera le périple qui le conduira vers la révélation du sens de la pérennité de son peuple, qui malgré les bourrasques de l'histoire tente de maintenir coûte que coûte les fondements de leurs traditions garant de leurs survies dans un monde moderne hostile à toute volonté d'harmonie avec le Grand Tout.
A coup sur c'est un bon roman, mais (et oui il y a un mais) je n'ai pas vraiment été captivé par le récit. L'histoire de Martiniano s'efface trop jusqu'à en devenir presque insignifiante devant l'effort déployé par l'auteur pour nous décrire les cérémonies Hopi et leurs significations. Et bien que source d'enseignements, ces descriptions m'ont un peu laisser songeur sur l'aptitude de l'auteur à pouvoir les relater de manière parfaitement crédible et objective. D'ailleurs il y à un passage où il est question d'un livre d'une ethnologue venu étudiée la tribu et qui révèle les noms des habitants, les noms des Kivas et les descriptions des cérémonies, ce qui consterne et mortifie les sages de la tribu qui voient en cela une violation abominable de leurs cultures. Comme si l'auteur dans un moment de lucidité avait constaté le risque encouru par ce type de récit.
Et puis il y a des jours …. et des romans comme ça qui ne nous interpelle pas.