Le vieil homme et l'officier
de Mircea Eliade

critiqué par Pucksimberg, le 23 juin 2013
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
"Ce sont Les Mille et Une Nuits, replacées dans l'univers stalinien".
Cette phrase qui figure en quatrième de couverture résume parfaitement ce roman.

Un vieil homme se balade dans les rues de Bucarest. C'est Zaharia Farâma, ancien instituteur et chef d'établissement. Il souhaite rendre visite à un dénommé Borza qu'il connaît depuis que ce dernier est enfant. Personnage loquace, il parle aux passants, grimpe les escaliers qui le mèneront à cet ancien élève, demande l'heure à divers voisins. Mais nous sommes à l'époque de Ceaucescu ! On n'est pas libre de faire ce que l'on veut, d'avoir des secrets et de s'introduire chez une personne sans demander la permission. C'est ce que Zaharia fera tout de même en se rendant chez Borza qui n'est autre qu'un dignitaire du Parti. Ce vieil homme intrigue : Que veut-il ? Quel plan fomente-t-il ? Est-il dangereux ? Connaît-il réellement Borza ? Le voilà rapidement arrêté et interrogé par de nombreuses personnes du plus bas gradé au plus haut dignitaire.
S'ensuivent des histoires que le volubile Zaharia ne cesse de raconter à ses divers questionneurs subjugués, captivés, séduits par ces histoires aux frontières du réel qui renvoient à des mythes roumains.

Zaharia sauve sa peau peut-être en racontant de multiples histoires qui s'entrelacent, ces récits aux nombreux personnages, aux époques variées, tout ceci pour reconstituer une Histoire riche en péripéties. On y croise une géante à l'appétit sexuel démesuré, un garçon qui disparaît dans une cave et encore plein d'autres individus qu'il vaut mieux découvrir par une lecture vierge.

Les histoires, entre réalisme et fantastique, rappellent certaines légendes et l'on ressent tout le plaisir des personnages à écouter cet excellent narrateur qui en quelques mots parvient à nous captiver. Par ses histoires "légendaires", Zaharia modifie l'Histoire.

Seul bémol, comme dans la plupart des romans de Mircea Eliade, les dernières pages perdent parfois le lecteur. On sent que la vérité est ailleurs, qu'il y a des symboles à interpréter et qu'il faut accepter de ne pas avoir toutes les clés pour tout décrypter. Le lecteur peut ressentir une grosse frustration s'il n'admet pas ces principes.

Le roman reste d'une grande richesse par ses zones de mystère.