La Castiglione : Dame de coeur de l'Europe
de Alain Decaux

critiqué par Nathafi, le 1 juin 2013
(SAINT-SOUPLET - 57 ans)


La note:  étoiles
Trop belle...
François Verasis, Comte de Castiglione, veuf, cherchait, au cours de l'hiver 1852-1853, une nouvelle épouse. A Londres, son ami Alexandre Colonna Walewski lui suggère de se rapprocher de la famille Oldoïni à Florence, et de s'intéresser à Virginia :

"Vous aurez la plus belle femme d'Europe !"

Alain Decaux, lors de l'écriture de ce livre, a pu consulter les cahiers intimes et les innombrables lettres de la Comtesse Virginia de Castiglione, et retracer la vie de cette belle, très belle femme.

La petite Virginia épouse le Comte François en 1854. Son mari, très épris, ne lui refuse rien, lui offre bijoux, toilettes, résidences, l'emmène à toutes les soirées... La Comtesse est admirée, convoitée, jalousée.

Consciente de sa beauté, elle apparaît hautaine, se sentant supérieure aux autres. A son mari, elle impose tous ses caprices et, dotée d'un caractère bien trempé, lui mène la vie dure.

Sa beauté lui vaut les honneurs de Victor Emmanuel II d'Italie, qui, soucieux de l'Unité de son pays, lui propose bientôt une mission de premier ordre afin d'attirer les faveurs de Napoléon III.

Enfin Virginia va jouer un rôle, devenir une grande dame, et se rend sans hésiter à Paris, pour aider son pays.

La Castiglione a dérangé par ses frasques, son dédain, son comportement impossible. Sa famille en fut la première victime. Son époux, homme riche à leur mariage, s'est trouvé rapidement sur la paille, à vouloir satisfaire sa belle épouse. Son fils, Georgio, pour lequel elle montrait très peu d'affection, était confié aux domestiques. Il fallait que la Comtesse se montre, vive sa vie, ait une nouvelle robe chaque soir, fasse tourner les têtes des messieurs de la Société, se mette à dos toutes les femmes de l'époque. Convaincue de l'importance de son rôle auprès de Napoléon III, elle a bravé tous les interdits.

Orgueilleuse, égoïste, imbue d'elle-même, elle cherchait pourtant quelque chose qui n'arrivait pas. Se sentant peu amoureuse de ses nombreux amants, à de rares exceptions, elle leur reprochait de ne pas l'aimer comme il se doit. Pourtant, beaucoup d'entre eux l'ont aimée à la folie ! Eternelle insatisfaite, elle jouait à les intriguer, ce qui en lassait certains qui finissaient par l'abandonner.

La rupture avec Napoléon III l'aura laissée amère... Pendant des années elle essaiera de le reconquérir.

Au fil des pages de ses cahiers, au fil des lettres échangées, on la voit sombrer, petit à petit, dans une triste vie. Sa beauté n'est pas éternelle, bientôt elle tombe malade, devient dépressive. Sans cesse en quête d'argent, elle se trouve dans une situation précaire, mais il faut à tout prix qu'elle sauve la face ! Ses amis s'en éloignent, ses amants déplorent son déclin, une fois seulement elle aura l'impression de connaître l'Amour, rencontrant enfin un homme qui ne cède pas à ses caprices et impose sa volonté.

Cette femme aura tout eu, la beauté, l'élégance, l'aisance matérielle, l'amour des hommes les plus influents de son époque... Mais au final, pas assez d'intelligence pour profiter pleinement de son statut et trouver auprès des êtres chers ce qu'elle attendait.