Rendez-vous au chemin des dames
de Yves Pinguilly, Nathalie Girard (Dessin)

critiqué par JulesRomans, le 12 mai 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Je ne regrette rien, je n’avance plus (adaptation de mots de Paul Éluard)
L’offensive Nivelle en avril 1917 au Chemin des dames est vécue comme un traumatisme par les combattants et son échec aura pour conséquences les mutineries. Il n’est pas étonnant que l’ouvrage débute en évoquant Craonne :

« Sur notre droite, là-bas, un peu plus haut, c’est ce qui reste de Craonne ».

Si le premier chapitre permet d’en savoir un peu plus sur le Chemin des dames et sur certains des hommes qui sont dans ses tranchées : Yffic Riou et Jean Pelloutier de la classe 1915 (donc né en 1895) originaires de Nantes où ils travaillaient aux chantiers navals. Au second chapitre on a l’impression de participer à l’assaut et on découvre Lucien Guillemot qui est blessé au crâne et est évacué vers l’hôpital du Val-de-Grâce.

Le chapitre quatre permet de citer la "Chanson de Craonne" qui sert pour annoncer le refus de monter en ligne du régiment ; à la suite de Yffic se retrouvent Maurice et Roland dans le trio genre "Pieds nickelés" (comme dit Maurice). Ceux-là passent les premiers ensemble devant le Conseil de guerre. Le lendemain c’est le tour de Jean Pelloutier d’être jugé pour mutinerie.

Il est à noter le portrait sévère du lieutenant qui joue sur la différence de classe sociale à la page 42 :

« Celui-là, ni ses yeux ni ses oreilles ne savaient comprendre les simples poilus. Il était né avec une cuillère en argent dans la bouche et les soldats ouvriers qu’il avait sous ses ordres n’étaient pour lui que de la racaille qui devait sans cesse être mise au pas ».

Les illustrations de Nathalie Girard rendent bien le paysage enneigé (le froid est exceptionnel pour cette mi-avril) et le manque de lumière qui entoure tous ces tragiques évènements liés à la répression de mouvements de protestation chez les soldats.

Une approche documentaire intéressante suit un petit lexique d'une douzaine de mots d'argot des poilus. Trois pages sur les neuf d'approfondissements historiques sont consacrées à Nivelle et à son offensive. Pour une vision nuancée des responsabilités de celui-ci (des responsabilités pas de l'échec) on lira Denis Rolland. "Nivelle : l’inconnu du Chemin des Dames". Imago, 2012. On peut lire (si on est adulte ou lycéen) une présentation argumentée de l'ouvrage à
http://ceuxde14.wordpress.com/2012/06/…