Les années 68
de Patrick Rotman, Charlotte Rotman

critiqué par CC.RIDER, le 28 mars 2013
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Décade prodigieuse
Cet énorme livre, peut-être le meilleur de tout ceux qui ont été écrits sur cette « décade prodigieuse » se compose de trois parties : 1/ le monde des sixties (sous la houlette de De Gaulle, la croissance s'affole, la société de consommation et de loisir se met en place, les jeunes prennent de l'importance, la musique, la mode, le cinéma sont en ébullition créative) 2/ Dix semaines qui ébranlèrent la France (avec une suite d'évènements décrite par le menu depuis la Commune étudiante, l'agitation partie de Nanterre, la grève généralisée, les pénuries, les grandes manoeuvres politiques et la manifestation gaulliste du 30 mai sur les Champs Elysées) 3/ Les temps changent (un peu partout dans le monde, avec l'entrée des tanks de l'armée rouge dans Prague, les assassinats de Martin Luther King et de Robert Kennedy, l'homme sur la Lune, la mort de De Gaulle, les grands festivals tels Woodstock ou l'île de Wight, les communautés hippies, la révolution sexuelle, la fin de la guerre du Viet-Nam, les boat-people, le problème palestinien, la bande à Baader, l'avortement, les débuts de l'écologie militante, le Larzac, les Khmers rouges...)
Les années 68 ne se résument donc pas seulement à la secousse violente ou au spasme paroxystique des évènements proprement dits, elles s'étalent largement dans le temps et l'espace et auront toutes sortes de répercussions jusqu'à nos jours et l'onde de choc même assagie et retombée poursuivra encore longtemps sa progression. Un album magnifique qui restitue fort bien le lyrisme et la violence d'une époque inventive au travers de textes, de photographies, de dessins, d'affiches, de graffiti ou de pochettes de disques. Le lecteur ayant vécu cette époque n'apprendra pas grand chose. Il pourra cependant se rappeler avec nostalgie certains petits faits oubliés. Les plus jeunes comprendront mieux d'où nous venons et sans doute aussi où nous allons. Seul léger reproche : avec le recul de presque un demi-siècle dont nous bénéficions maintenant, les auteurs auraient pu dévoiler un peu plus les « dessous », les secrets bien gardés de toute cette effervescence qui fut « orchestrée ». Mais, comme dirait Kipling, ceci est une autre histoire.