Horace
de George Sand

critiqué par Cyclo, le 26 mars 2013
(Bordeaux - 78 ans)


La note:  étoiles
les méandres de l'amour et de la révolution
Horace Dumontet, fils de petits bourgeois de province, est monté à Paris faire des études de droit, grâce à une pension que lui font son père et sa mère, et qui grève leur train de vie et la dot de sa sœur. Il est assez imbu de sa personne, toujours tiré à quatre épingles, fait des dettes et déteste le droit, qu'il ne suit d'ailleurs pas. Il fait connaissance d'un étudiant en médecine, Théophile, le narrateur de l'histoire, qui vit en ménage avec une grisette, Eugénie, et il fréquente Paul Arsène, un étudiant pauvre et artiste. Ce dernier doit, pour faire venir à Paris ses deux sœurs cadettes, dont il est le seul soutien, se mettre à travailler comme garçon au café Poisson, dont la patronne, Laure, attire tous les regards des étudiants fréquentant le café, jusqu'à Horace. Or, la belle Laure n'est autre que le faux nom de Marthe, une amie d'enfance de Paul Arsène (qui en est encore amoureux), qui fut enlevée par le sieur Poisson, avec qui elle vit fort malheureuse. Ils combinent ensemble une évasion, et Marthe échoue chez Eugénie et Théophile, en attendant que soit meublé le logement voisin, où viendront habiter également les deux sœurs d'Arsène, Louison et Suzanne. Elles débarquent et aussitôt Louison, en dragon de vertu, fait comprendre à Marthe que la cohabitation va être difficile. Mais Marthe qui n'avait suivi Poisson que pour échapper à un père incestueux, en a vu d'autres.
Le problème, c'est qu'elle tombe amoureuse d'Horace, au grand déplaisir d'Eugénie et d'Arsène. Et qu'elle finit par succomber. Dès lors, elle vit avec lui, fort endetté et incapable de travailler. Heureusement, Jean Laravinière, chef des bousingots, les étudiants révolutionnaires, qui avait déjà aidé Marthe autrefois, est là, téléguidé par Arsène, républicain aussi, et qui désire continuer à savoir ce qu'elle devient, amoureux qu'il est plus que jamais. Le ménage va mal, Horace se comporte en tyran domestique. Finalement, un beau jour, Marthe disparaît après lui avoir annoncé qu'elle était enceinte, ce qu'Horace ne pouvait supporter. Théophile est devenu médecin, et observe tout cela d'un œil philosophe. Il soigne l'épidémie de choléra de 1832, et aussi Horace, devenu à moitié fou après le départ de Marthe.
Laravinière et Arsène essaient d'entraîner Horace dans l'insurrection qui se prépare. Mais le jeune homme, toujours aussi hâbleur et plein de forfanterie quand il s'agit de discours, semble renâcler au dernier moment. Théophile ayant présenté Horace dans le monde, il s'entiche de la vicomtesse Léonie. Mais là encore, il est en représentation, joue un rôle, prend les leçons d'un vieux roué. Et, après avoir triomphé momentanément, comme sa fatuité n'a pas pu l'empêcher de s'en vanter, la vicomtesse se venge.
Pendant ce temps, lors de l'insurrection de 1832, Laravinière est tué, Arsène, blessé, fuit par les toits et se réfugie dans une mansarde qui n'est autre que celle occupée par Marthe qui a mis au monde un petit enfant. Avec l'aide de sa vieille voisine, Olympe, qui l'a aidée pour l'accouchement, elle soigne le blessé, mais ils sont dans une misère noire. Ils finissent tous deux, après avoir tâté de divers métiers par être embauchés au théâtre, lui comme souffleur, puis caissier, elle comme actrice. Arsène a adopté l'enfant. Olympe s'occupe du petit. Ils revoient Théophile et Eugénie.
Éconduit par la vicomtesse, Horace accepte l'invitation en Sologne de Louis de Méran, qui lui prête de l'argent. Il joue et gagne une forte somme. Rentré à Paris, il y mène grand train, écrit un roman (sur son aventure avec Marthe) qui a un succès d'estime, tente de faire un riche mariage, mais échoue, vengeance de la vicomtesse. Le second roman (sur son aventure avec la vicomtesse), raté, ne se vend pas. Un soir, il est humilié dans le grand monde. Il n'a plus d'argent, revient penaud chez Théophile et Eugénie, où il revoit Arsène, puis Marthe et le petit Eugène. Pour éviter de nouvelles sottises de sa part, Théophile le fait partir pour l'Italie, avec de l'argent que Louis de Méran, seul à avoir gardé de l'amitié pour Horace, lui a confié dans ce but. Horace, après une brève carrière d'écrivain et de journaliste, finit par devenir avocat.
Un beau roman de moeurs, sentimental comme toujours chez Sand, et qui a de plus le mérite de traiter de l'insurrection de 1832, et d'afficher des sympathies républicaines !
"à celui qui est imbu des erreurs communes de l'infériorité de la femme, de la différence de ses devoirs avec les nôtres en fait de fidélité ; à celui qui ne recherche que des émotions et non un idéal, l'amour ne se révèlera pas."