Le ciel, les étoiles, le monde sauvage
de Rick Bass

critiqué par Jules, le 17 janvier 2001
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Très beau livre !
Rick Bass est un jeune auteur d'origine texane qui est parti s’installer dans les grands froids du Montana, à l'écart de toute population.
Dans ce livre, il nous donne trois très belles nouvelles. La première se passe dans la région des grands froids. Trappeur a été abandonné par sa femme, Judith. Il faut aussi dire que la raison l’avait un brin abandonné. Il se croyait régulièrement attaqué par des loups et se barricadait chez lui. Judith a fini par prendre peur et, une nuit, elle s'est enfuie. Elle a couru dans la neige sans équipement valable et a bien failli y rester. En plus, Trappeur la poursuit et fait des cercles de plus en plus larges autour de sa maison. Bien souvent, elle l’entend tout près d'elle, mais elle lui échappe. Jusqu’à quand ?… Combien de temps tiendra-t-elle dans ce froid ?. Trappeur l'aime comme un fou et ne renoncera pas vite !…
La seconde nouvelle est consacrée à un chercheur de pétrole qui travaille pour son compte. Il a un flair très particulier et, bien que talonné par un homme solidement plus riche que lui, le vieux Dudley, il arrive à trouver et à acheter de nouvelles concessions très valables. Il est accompagné d'un certain Jack qui tousse à ne plus en pouvoir et en mourra. Rick Bass, qui a fait des études de géologie, nous explique comment on peut repérer des sols à potentiels pétrolifères.
La troisième nouvelle est une véritable splendeur !… C'est une leçon d'écologie extraordinaire !.Il s’agit d'un petit garçon qui vit sur le très grand ranch de son grand-père, au Texas, avec son père, son frère et un vieux copain du grand-père. Sa mère est morte. Grâce à son grand-père, il apprendra ce qu'est cette terre, ce qu’elle était et ce qu’elle est devenue. Il l'écoutera avec passion et en apprendra énormément. Il apprendra surtout à quel point les hommes ont modifié tout l'équilibre écologique de la région, mais aussi du continent américain. Il ne se contentera pas d'écouter, il apprendra aussi en vivant les choses, en sentant les courants de l’eau, les vents dans la plaine et les cris des animaux. Ce texte est non seulement très intéressant parce qu’il nous fait découvrir, mais il est aussi superbement écrit !…
Un très bon livre à lire !
La nature, juste elle 10 étoiles

Sur le quatrième de couverture de mon édition (10/18), il est écrit que "Rick Bass est passé maître dans l'art de faire de nous des écolos sans le savoir".
Affirmation qui se confirme pleinement dans le troisième texte de ce recueil mais les deux premiers m'ont laissé plus perplexe quant à cet état de fait.

La première nouvelle (Le mythe des ours) raconte l'histoire d'amour-haine entre Trappeur et Judith, couple de chasseurs vivant au plus profond de la forêt. Trappeur a des crises, Judith ne supporte plus, elle le quitte, il la poursuit, elle le fuit, il la retrouve... Histoire très violente, tant dans les sentiments humains que Rick Bass véhicule à travers ses deux personnages que dans cette chasse organisée pour récolter des fourrures et autres peaux d'animal. Assez sanguinaire et cruel par moments, pas vraiment écologique dans le sens où je l'entends, même si la sélection naturelle entre dans ce courant. Ici, elle est humaine et pas naturelle, ça change considérablement les choses. Mais c'est un parallélisme intéressant à établir entre cet homme qui tue et a besoin de tuer pour vivre et sa relation avec une épouse qui ne peut s'épanouir que dans la violence et l'enfermement. C'est l'Homme qui a, ici, un problème, et non la planète. Il se détruit tout seul, entraînant avec lui d'innocentes victimes.

La seconde nouvelle (Là où se trouvait la mer) faisant déjà l'objet d'une fiche de lecture séparée, je la commenterai sous ce titre.

Le troisième récit est magnifique et là, je suis entièrement d'accord avec la phrase citée plus haut du 4e de couverture. Une femme, Anne, nous raconte son enfance et son adolescence dans un ranch, entouré des siens. Elle parle de sa mère, disparue quand elle était encore une enfant. De son frère, de son père, de son grand-père et de l'ami de la famille. Elle nous narre cette vie par le détail, en accordant une importance vitale à la terre et à la nature. C'est grandiose. Rick Bass n'a pas son pareil pour parler du chant des oiseaux, du roucoulement de la rivière, du cri de l'aigle ou du silence de la forêt. On le devine totalement dans osn élément et il nous entraîne avec lui dans une balade qui ne donne qu'une envie: celle de fermer les yeux et se retrouver là-bas. Tout est vivant dans ce texte, palpable et surtout, vrai, puissant. Magnifique texte!

Sahkti - Genève - 49 ans - 7 juin 2005