La femme de nos vies
de Didier Van Cauwelaert

critiqué par Tanneguy, le 8 mars 2013
(Paris - 84 ans)


La note:  étoiles
Une histoire surprenante
Le point de départ : une initiative des nazis au début des années 1940, consistant à éliminer les aliénés par des moyens de masse, testant grandeur nature les futures méthodes appliquées aux Juifs dans les camps de concentration. Eugénisme, euthanasie ? cela ne les émeut guère, sauf qu'ils s'inquiètent, parfois de faire disparaître des cerveaux exceptionnels capables de soutenir leur effort de guerre ! Une femme scientifique est chargée de ce programme surprenant...

Un jeune garçon réussira à s'échapper de cet enfer, grâce à la générosité d'un autre, particulièrement brillant et destiné à bénéficier de la grâce nazie : il lui cède sa place et la jeune femme chargée du programme fermera les yeux.

Le rescapé aura une brillante carrière mais se souviendra toujours de ses sauveurs ; il retrouvera la femme en question presque centenaire sur son lit de mort (c'est le début du livre). Il s'efforce alors de la réhabiliter auprès de sa petite fille qui n'a jamais voulu rencontrer sa grand'mère maudite.

Didier van Cauwelaert est un conteur remarquable ; il tient le lecteur en haleine avec un style vif et clair. Son imagination est débordante mais reste dans les limites du vraisemblable. Je ne m'explique donc pas la froideur avec laquelle l'a accueilli François Bunel dans une récente "Grande Librairie" où il ne côtoyait pourtant que des seconds couteaux...

Un livre remarquable qui se lit d'une traite.
Bon mais sans plus ! 7 étoiles

Sous forme d'un monologue dont le narrateur fait lui même les questions et les réponses, Jürgen Bolt alias David Rosfeld raconte sa vie et celle de cette femme abominée Ilsa Schaffner. Elle fut accusée des pires horreurs sous le régime nazi mais la vérité n'est pas toujours du côté des apparences.

Je reconnais à l'auteur des qualités de conteur mais je le trouve un peu simpliste. Il a un style qui se lit bien mais cela s'arrête là. Même ici où il aborde un sujet grave, sans savoir exprimer le pourquoi, je ressens une absence.
Ne crachons toutefois pas dans la soupe, il s'agit là d'un bon moment de lecture.

Monocle - tournai - 64 ans - 18 juin 2019


La part de lumière d'une nationale-socialiste 8 étoiles

Ilsa Schaffner, 95 ans, est mourante. A son chevet, se trouvent sa petite-fille Marianne et un vieil homme, Jürgen Bolt alias David Rosfeld. Ce dernier va tenter de réhabiliter Ilsa aux yeux de sa petite-fille qui ne l’a pas connue, mas qui l’accuse d’avoir été un monstre nazi. Le narrateur fait plus que la réhabiliter : il prétend qu’Ilsa lui a sauvé la vie.
Les réflexions proposées dans ce roman sont assez classiques : à propos du programme d’extermination nazi, des robots qu’Hitler tente de formater, des contradictions de ce régime qui par exemple sublime l’intelligence, fut-elle juive, alors que son chef est stupide.
Le style est original puisqu’il consiste en un monologue ou plutôt un dialogue dont le lecteur ne peut voir que les paroles d’un seul protagoniste. Il s’agit d’un exercice peu aisé et qui lasse parfois un peu.
Dans l’ensemble, j’ai bien apprécié. Le thème est moins farfelu que d’autres romans du même auteur. Même si les touches écologiques reviennent comme son leitmotiv incontournable.

Pascale Ew. - - 56 ans - 16 juin 2013