L'amour là-bas en Allemagne
de Catherine Paysan

critiqué par Yotoga, le 22 février 2013
( - - ans)


La note:  étoiles
dommage mais gnangnan
Ce livre est un roman, une auto-fiction mais le personnage principal a le même nom que l’auteur dans le civil. Ce n’est pas un journal intime, mais quand même rédigé à la première personne du singulier…

L’histoire se situe entre après la deuxième guerre mondiale. Annie tombe amoureuse, en France, d’un soldat allemand et part en Allemagne dans la zone occupée par les français, pour faire assistante de français dans une école de garçons.

Les réflexions qui m’ont plu se réfèrent à la séparation entre l’Allemagne ennemie, nazie et celle, éduquée, du romantisme, de Goethe et de Schiller avec sa langue qu’Annie a appris à aimer sans se soucier des écarts politiques du moment. Le livre a été écrit en 2006, pas dans la tumulte politique de l’époque !

Sous le thème de l’amour pour cet Ewald, on reconnait une description des mœurs allemandes de l’époque. Le catholicisme si présent dans cette région de Spire fait étouffer cette française libérale et libérée. Le qu’en dira-t-on si important détruira deux relations amoureuses. Le rôle des femmes était-il en France si traditionnel (maison-enfant) et le rôle de l’homme si défini (nourrir la famille) après une guerre qui a détruit une économie ? Le livre répond clairement, oui.

Pourquoi le titre de « l’Amour là-bas en Allemagne » ? Pourquoi la majuscule sur le A et pourquoi pas les amours parce qu’Annie nous décrit en fait deux histoires de sa vie. Peut-être qu’Annie est amoureuse de l’amour tout court, et pas de ses hommes… ?

Et parlons-en de ces deux hommes : des lâches ! Prisonniers de leur réalité, l’un prisonnier allemand, encore sous le joug de sa mère, l’autre, marié puis veuf, sous le joug de ses filles. Ils représentent des obstacles dans la vie d’Annie : l’un est l’ennemi, elle dit elle-même « un schleu, une brute, un boche » qui a vécu des horreurs à la guerre et l’autre est un mutilé de chair, tous les deux paumés, ils s’accrochent à cette petite jeune, pleine de joie de vivre.

Et Annie dans tout ça ? Elle papillonne. Elle est toujours à contrecourant : elle part à l’étranger, elle choisit des hommes qui ne conviennent pas à sa famille… Elle dit être entière. Certain la trouveront courageuse, curieuse. Moi, je l’ai trouvée gnangnan.

Les thèmes parallèles qui m’ont plu :

Les allemands crevaient de faim et les français en Allemagne en 1946-1947 vivaient très bien ! Ils réquisitionnaient ce dont ils avaient besoin, au détriment de la population. On ressent un sous-jacent « œil pour œil » quand elle compare les repas à la cantine de son lycée sous l’occupation.

Les élèves d’Annie sont des caractères intéressants qui malheureusement n’ont pas été approfondis dans le texte. Ces jeunes qui étaient soldats de la dernière heure, avaient été entrainés des années d’enfance psychologiquement pour servir le reich. Ils ont vécu des choses horribles en Normandie et on leur demande de retourner à l’école, rester sage sur une chaise et se concentrer sur des exercices alors qu’un an plus tôt, on leur disait de sauver leur monde ! Là il y aurait eu moyen de rendre le livre intéressant…

Le style est étouffant, le livre n’a aucun chapitre. Les phrases sont très longues (12 lignes en moyenne) et ça rend la lecture fatigante. Le livre est intéressant les 100 premières pages, et après, c’est plat, on s’endort.