1914, le destin du monde
de Max Gallo

critiqué par JulesRomans, le 20 février 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
C'est parti comme (cela) en 1914 !
Voilà un ouvrage très grand public, reprenant ce qui a déjà été écrit depuis les origines du conflit, pour présenter de façon de façon très chronologique et didactique. On aurait aimé que l’auteur émette un peu plus souvent un regard critique sur ce qu’il rapporte, ainsi raconter la légende des saint-cyriens partis en gants blancs et casoar est très significatif de l’esprit d’un certain courant d’opinion (celui influencé par l’Action française) encore aurait été-t-il bon de rajouter deux choses.

Premièrement l’initiative de cette bravade est attribuée par Maurice Barrès à Jean Allard-Méeus, justement membre de l’Action française. Si le lecteur n’est pas au fait des liens qui unissent Maurice Barrès à l’Action française (il en est un des premiers membres, après avoir été député boulangiste) cette précision aurait été très utile pour lui.

Secondairement Jean Allard-Méeus ,qui compta parmi les morts du premier mois, ne pouvant confirmer ou infirmer la chose (on en conclura que c’est justement pour cela que Barrès l’a choisi), il faudra attendre que le général Humbert, major de la promotion à laquelle appartenait Allard-Méeus, indique :

« Il n’y a pas eu, le 30 juillet 1914, de serment collectif d’aller au combat avec casoar et gants blancs. Il y a eu un cas historique de départ à l’assaut avec casoar et gants blancs. C’est celui d’Alain de Fayolle (1891-1914), de la "Croix du Drapeau". Je ne connais aucun camarade qui soit parti au combat avec casoar et gants blancs».

La promotion "de la Croix du Drapeau" est la 98e promotion de Saint-Cyr (1913-1914), et l'avant-dernière avant la Grande Guerre ; Allard-Méeus appartenait lui à la promotion de Montmirail.

On ne peut que se réjouir de la description pertinente de l’atmosphère patriotique qui baigne certains milieux ce début d’année avec la mort de Déroulède et des explications autour des enjeux du maintien de la loi récente dite des "Trois ans" qui a fait passer la durée du service militaire de deux à trois années et a été perçue outre-Rhin comme une preuve supplémentaire (et majeure) que la France prépare la guerre.

Le lecteur, même peu au fait de l’histoire de la Première Guerre mondiale, se verra parfaitement éclairé des étapes significatives de l’engrenage qui débouchent sur la déclaration de guerre. Les cinq premiers mois de la Grande Guerre sont développés de façon très claire avec la succession des opérations présentés dans leurs logiques successives.

D'autres lecteurs, amateurs des œuvres de Gide, Claudel, Cocteau, Péguy ou d’autres auteurs nés à la fin du XIXe siècle, se réjouiront de voir rapporte en plusieurs occasions la perception que ceux-ci eurent des évènements.