Les trappeurs de l'Arkansas et autres romans de l'ouest
de Gustave Aimard

critiqué par Folfaerie, le 23 janvier 2003
( - 55 ans)


La note:  étoiles
Cruelle déception
Que dire, ma foi... J'attendais depuis de nombreuses années la réédition de ce "classique" du roman d'aventures et que la collection Bouquins nous fait redécouvrir. Ce volume comprend quatre romans de cet auteur du XIXème, qui se qualifiait lui-même de "successeur" de James Fenimore Cooper. Modeste le Français ! Il faut bien avouer que j'ai peine à croire que j'ai dépensé de l'argent pour ce ramassis de sottises, absurde et prétentieux. Pour apprécier un tant soit peu le roman, il faut d'ailleurs le prendre au second, voire au troisième degré, parce que vraiment, tout y est ! Tous les poncifs du genre, les clichés, les idées reçues... Aimard n'épargne rien à son lecteur. Et si on peut relever quelques ambiguïtés notamment à propos des Indiens, en faveur de l'auteur (quelques phrases pour indiquer que les tribus étaient spoliées de leurs terres), cela est dû en grande partie à son expérience personnelle, Aimard ayant été lui-même coureur des bois, entre autres, et ayant côtoyé au cours de sa vie des Apaches et des Commanches, dont quelques-uns lui ont inspiré des sentiments un peu plus nobles que son héros de papier.
Le "héros" en question, dénommé Coeur-Loyal, coureur des bois qui connaît la Prairie comme sa poche, passe son temps à combattre les Indiens, fourbes, cruels et stupides comme il se doit, vole au secours d'une jeune fille tout juste sortie du couvent, (laquelle est pourtant capable de tuer à bout portant deux malandrins avec un sang-froid que lui envierait n'importe quelle héroïne de Dumas), pactise avec son plus farouche ennemi, un cruel Peau-Rouge, qui devient instantanément son frère de sang, après un retournement de situation complètement improbable... Bref, je pourrais écrire des pages et des pages de critiques. Certes, les incohérences du récit et l'écriture un peu bâclée peuvent s'expliquer par le fait que ces romans paraissaient en feuilletons à cette époque, mais cela n'excuse pas l'écrivain pour autant. Que reste-t-il néanmoins de cette lecture ? Le vague plaisir de retrouver la Prairie américaine et ses espaces sans fin, que l'auteur chante tout au long du récit, la nostalgie d'une époque où tout était encore possible, ou mieux encore, à travers le discours de Coeur-Loyal, le dégoût déjà, et la fatigue, de devoir vivre dans un monde "civilisé" d'où ont disparu noblesse, courage et loyauté... Voilà ce qui constitue l'unique charme de ce roman d'aventures et justifie donc la seule étoile que je lui ai donnée.
le charme du roman populaire du XIXe siècle 9 étoiles

Forcément pas d'accord avec Folfaerie sur Gustave Aimard.
Il se lit toujours très bien, pour peu qu'on accepte les conventions du roman de l'époque. J'ai pour ma part téléchargé sur ma liseuse une vingtaine de ses romans et je prends mon pied quand je pars en voyage. Ses westerns en particulier sont très intéressants. Les idées reçues de l'époque y sont (comme chez Jules Verne), mais on sent que l'auteur a baroudé là-bas.
"vous seriez stupéfait de la finesse et de l'intelligence raffinée de ces Indiens que vous nommez dédaigneusement des sauvages, parce qu'ils ne veulent pas accepter votre civilisation et préfèrent la leur...", écrit-il dans "Les bandits de l'Arizona". N'est-ce pas une réflexion moderne ?

Cyclo - Bordeaux - 78 ans - 21 août 2014