Un tunnel sous l'été
de Henry Eynard

critiqué par CC.RIDER, le 24 janvier 2013
( - 65 ans)


La note:  étoiles
Un innocent à la Santé
Un journaliste, Pierre-Marie Lettrin, ancien patron d'un journal local, se retrouve placé en détention préventive à la prison de la Santé après une perquisition à son domicile. Un juge d'instruction l'accuse d'avoir participé à une escroquerie consistant à toucher des chèques pour des prestations n'ayant jamais existé. Lettrin, qui a démissionné de ce poste après avoir renvoyé le subordonné indélicat, vit d'autant plus mal cet embastillement qu'il se sent totalement innocent... Au bout d'un mois dans cet environnement hostile, il espère être libéré. Le juge persiste et signe, rejette ses demandes, reculant de plus en plus son retour vers la liberté. L'été se profile avec la perspective d'une longue traversée du désert pour cause de vacances judiciaires. Pierre-Marie devra-t-il attendre l'automne pour pouvoir enfin retrouver sa femme Catherine et ses deux enfants ?
Ce livre, présenté comme un récit et vendu comme « inspiré d'une histoire vraie » a le grand mérite de poser le problème de la « détention préventive » qui malheureusement est plus souvent qu'on croit, totalement arbitraire. Du fond de sa cellule humide et vétuste, notre journaliste se lamente beaucoup, trop à notre goût, multiplie les déclarations d'amour à sa femme et à ses enfants, tout en révélant vers le milieu du bouquin qu'elle l'a trompé et qu'il la soupçonne de ne pas vraiment l'aimer. Les séquences de pleurnicheries étant assez monotones et répétitives, l'ennui s'installe rapidement. Ainsi partage-t-on la lourde et sinistre ambiance du quotidien de la détention. On aurait aimé que l'affaire qui a provoqué tout ce gâchis soit présentée un peu moins succinctement et surtout que le style soit un peu plus enlevé. L'auteur utilise alternativement les première et troisième personnes du singulier. Tantôt lit-on une sorte de journal intime tristounet, tantôt découvre-t-on le personnage vu de l'extérieur comme dans un reportage. Effet littéraire qui n'apporte pas grand chose. Et pour ne rien arranger, la fin se révèle décevante car assez peu vraisemblable. Un ouvrage qui ne marque pas et ne laisse pas grand souvenir.