Le Bureau des Assassinats
de Jack London

critiqué par Ellane92, le 14 janvier 2013
(Boulogne-Billancourt - 48 ans)


La note:  étoiles
L'éthique en action
Serge Constantine dirige une société d'import-export et s'occupe comme de sa fille de sa nièce, la belle Grounia, qui doit lui présenter son prétendant le weekend prochain. Mais c'est sous le nom d'Ivan Dragomiloff qu'il passe le plus clair de son temps, en tant que responsable d'une petite société occulte et éthique, que peu de personnes connaissent sous son vrai nom, le bureau des assassinats. Ceux qui veulent faire appel à cette société suivent des règles simples : ils rencontrent Dragomiloff et indiquent quel individu doit être exécuté, avec une somme en liquide. Mais avant toute acceptation de contrat, le bureau réalise une enquête sur la personne à tuer, et vérifient que sa disparition est socialement justifiée. Parce que si le bureau œuvre dans l'ombre, c'est éthiquement, dans l'objectif d'un monde meilleur.
Un certain Winter Hall a rendez-vous avec Dragomiloff, avec une requête assez particulière : c'est la justification même du bureau des assassinats qu'il remet en cause. Il demande donc l'assassinat de son responsable pour dissoudre cette organisation et engage avec Dragomiloff un échange d’arguments l’amenant à démontrer que l’existence du Bureau n’est pas justifiée et que Dragomiloff lui-même doit disparaitre !
Pour complexifier un peu l'histoire, on s'aperçoit bien vite que Hall n'est autre, bien sûr, que le beau prétendant dont Grounia est éprise.

Le bureau des assassinats est un roman inachevé de Jack London, publié à titre posthume en 1963. Les deux premiers tiers du livre sont de la plume de London, le dernier tiers d'un spécialiste de l'auteur, Robert L. Fish.
Le bureau des assassinats est avant tout un livre surprenant, surtout de la part de l'auteur de L'appel de la forêt et de Croc-Blanc. C'est une sorte d'apologie de la rationalité, de la logique sociale poussée à son extrême. Entre fable tragico-comique et roman d'aventures, London nous invite à nous poser un certain nombre de questions sur ce qu'est être un homme, quel est le rôle de la société, jusqu'où l'on est prêt à aller pour ses convictions, le rôle du créateur et de la créature, la place de tout homme dans le monde, etc... Et on le suit avec un grand plaisir dans cette folle aventure si raisonnée (ou cette logique si folle), on rit, on s'interroge, on s'affole, et en fermant le livre, les questions dont il traite nous accompagnent.
Un très bon moment, un très bon roman.