Une petite île heureuse
de Lars Sund

critiqué par Monocle, le 9 janvier 2013
(tournai - 64 ans)


La note:  étoiles
Une petite île heureuse
Lars Sund dit "vivre ici c'est un peu comme avoir gagné au loto". Et dans la petite île tout est beau, tout le monde se connait. Rien ne se passe ici : Quand une mouette éternue ça fait la "une" du journal télévisé (j'exagère à peine).
La petite île se situe dans le grand nord mais sans précision claire... le doute de l'endroit subsiste durant tout le récit ! L'auteur décrit avec sobriété la vie, la nature qui l'environne, la mer sans cesse en mouvement, le soleil qui ne luit pas comme ailleurs, les jours sont si différents. Dans la petite île, il n'y a pas de mauvais temps... il n'y a que des vêtements peu appropriés et (je cite) cette joie de vivre lancinante et limpide qui s'empare de vous lorsque vous vous déplacez en traîneau sur de la glace scintillante un jour de mars radieux où la lumière est d'une force incroyable et l'air paraît pétillant !
Alors soudain tout se dérègle. La mer commence à apporter des cadavres : un d'abord, puis deux.. trois. Puis une centaine.
On organise une réunion "citoyenne" où cette phrase particulièrement vide de sens est jetée pour devenir slogan :"nous ne pouvons laisser les morts décider pour les vivants"... et puis on arrive à la conclusion que tous ces morts étrangers qu'on a enterrés dans les cimetières prennent la place des insulaires !
Cette réunion est d'une importance toute symbolique dans ce roman. Bizarrement elle a été convoquée de façon informelle, un peu "sous le manteau". Cela fait furieusement penser à la rumeur qui gonfle. Autre constatation ce n'est pas un îlien qui en est à l'origine mais une vacancière... donc finalement une étrangère. Amusant ça ! Et le mot ETRANGER est lâché ! c'est le responsable de tout les malheurs.
Et puis tout rentrera dans l'ordre... une nuit un camion et une équipe d'ouvriers viennent vider le cimetière de ses encombrants souvenirs. Tout s'oublie... tout est déjà oublié !

Je ne suis pas expert dans les premières critiques et j'espère qu'un lecteur exercé en fera une meilleure qui incitera à la lecture de ce chef-d'oeuvre. Car j'ai vraiment aimé ce livre écrit avec le style du narrateur. J'ai pensé à La Peste de Camus en vivant ce style un peu mathématique. Une littérature à la fois dépouillée et complexe dans le détail.
A lire absolument