Les Illuminés
de Hoda Barakat

critiqué par Pucksimberg, le 11 décembre 2012
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
La folie amoureuse exprimée avec poésie
Le narrateur de ce roman se trouve à l'asile psychiatrique. Pour quelle(s) raison(s) est-il enfermé ? S'offrent au lecteur quelques possibilités : le meurtre de la femme aimée, la folie, ses trous de mémoire ... En effet, le lecteur doit se frayer un passage entre les multiples réactions et récits de ce narrateur afin de comprendre de quoi il retourne. De plus, le roman est plongé en pleine guerre civile libanaise, ce qui tend à exacerber les émotions de ce personnage trouble qui n'a pas hésité à tuer cette femme avec laquelle il ne faisait qu'un.

Je suis très divisé ! Je trouve l'écriture magnifique et poétique, sensuelle et violente, assez proche de celle Wajdi Mouawad. Certaines pages sont d'une réelle beauté et certaines phrases sont dignes d'être notées et retenues. Les réflexions d'Hoda Barakat sur l'amour, le couple et la relation homme/femme sont intéressantes, mais parfois trop appuyées à la manière d'un roman à thèse, ce qui a eu tendance à m'ennuyer parfois. Le roman est inégal : des pages passionnantes et d'autres lentes dans lesquelles le lecteur s'englue dans les remarques du narrateur. Sans nul doute, certaines libertés sont liées à la folie du protagoniste, il n'en demeure pas moins que le texte manque de rythme.

Le verbe poétique reste l'atout majeur de ce roman, tout comme les idées évoquées sur l'amour :
"Parfois, elle s'endormait. Content qu'elle m'oublie et me laisse seul, je restais pourtant à ses côtés, mon visage contre le sien pour aspirer l'air qu'elle rejetait, l'air imprégné de tout son corps, qui avait purifié son sang. Appuyé sur un bras, je regardais battre l'artère de son cou. Je jalousais le sang qui coulait en elle. Je ne bougeais plus afin qu'elle s'endorme près de moi, immobile, me laissant seul. Je comptais les pulsations de l'artère et, doucement, je posais dessus la main afin d'atteindre au liquide chaud qui circulait sous sa peau et dans tous ses membres."