Tout passe
de Gabriel Josipovici

critiqué par Saule, le 9 décembre 2012
(Bruxelles - 58 ans)


La note:  étoiles
Fragments d'une vie.
Félix, un vieil homme, est dans une pièce vide devant une fenêtre avec un carreau fêlé. Une voix, comme une ritournelle, dit "Tout passe. Le bien et le mal. La joie et la peine. Tout passe.". Petit à petit, au fil des 68 pages de ce court roman, on découvre la vie de cet homme à travers des bribes de conversations, des souvenirs, les visites de ses enfants qui s'occupent de lui.

Ce court texte très musical (notamment les effets de répétitions, et les références à la musique) nous touche car il évoque la vie d'un homme dans ce qu'elle a d'essentiel : l'amour, la vieillesse, la mort. L'amour conjugal d'abord, puis passionnel pour une autre femme, les deux sont très joliment évoqués, comme des esquisses. Il y a un passage très touchant sur une expérience de mort rapprochée vécue par Félix, qui fait écho à un souvenir d'un jardin ensoleillé et le passage d'une baie vitrée.

En résumé, c'est un texte poétique mais très accessible, dont le thème pourrait être le temps qui s'écoule et duquel se dégage une grande fraternité.
"Laissez-moi tranquille..." 9 étoiles

Un homme à sa fenêtre, qui se repasse le film de sa vie, lentement, douloureusement, faisant fi de tout ce qui l'entoure. Inlassablement, il retourne devant cette fenêtre dont une partie est brisée, ignorant presque son entourage, ses enfants qui s'inquiètent pour lui, depuis qu'il est seul et qu'il semble si mélancolique, et qu'il voudrait voir décamper le plus rapidement possible quand ils lui rendent visite.

Des petites scènes de sa vie sont revisitées, avec, comme tempo, ce "Tout passe", qui veut dire peut-être qu'il ne faut rien regretter. Des allusions à la musique, à l'écriture, à Rabelais ou Shakespeare, tourmentent cet homme qui vieillit, attendant quelque chose, les yeux dans le vide.

Une écriture épurée, des dialogues courts, des moments de grande solitude, d'importants silences qui en disent long, ce livre est très puissant, par ce qu'il ne dit pas, comme si le lecteur pouvait, à son tour, remplir ces vides ou se mettre à la place de...

Un style particulier, une succession d'images volées au passé, le présent paraît si terne, mais "Tout passe"...

Nathafi - SAINT-SOUPLET - 57 ans - 15 février 2015