L'Ange exilé : Une histoire de la vie ensevelie
de Thomas Wolfe

critiqué par Matru, le 28 octobre 2012
(cagnes sur mer - 49 ans)


La note:  étoiles
Un auteur méconnu,salué par W.faulkner
A mi-chemin entre lyrisme et narration, l'oeuvre de Thomas Wolfe échappe à toutes les classifications, ATTENTION!, ne pas le confondre avec Tom Wolfe.
Un échantillon:
"Il n'y a pas de pays du bonheur.
Il n'est pas de terme au désir.
Il n'y a qu'un voyage,
le premier, le dernier, l'unique.
Où est le monde?
Nulle part, tu es ton propre monde."
deuxième échantillon:
"Nous ne reviendrons pas, nous ne reviendrons jamais.
Mais au-dessus de nous tous, au dessus de nous tous...
une étoile brille dans la ville... Une lumière.
Au-dessus de nous tous existe quelque chose.
Qu'y aura-t-il pour revenir?
O le printemps, la plus cruelle et la plus belle des saisons,
le printemps reviendra.
Et les étranges humains ensevelis reviendront changés en fleurs et en feuilles,
les étranges humains ensevelis reviendront et la mort et la poussière ne reviendront jamais plus, car la mort et la poussière mourront".
Que puis-je ajouter, si ce n'est Chapeau l'artiste!
Le premier Wolfe 7 étoiles

Le premier roman de l’écrivain américain Thomas Wolfe a le souffle et l’ambition des grandes œuvres. Par certains traits, il annonce Faulkner; par d’autres, il pourra faire penser à Zola par la peinture des personnages empreints d’une sordide humanité. Wolfe a vécu au tout début du XXe siècle (1900-1938), et son roman a fait scandale au moment de sa parution parce qu’on y reconnaissait une facture autobiographique marquée sous le sous de la vengeance. Wolfe y dépeint une famille, peut-être largement inspirée de la sienne, avec une lucidité sans compromis.
« Chacun de nous est la somme de tout ce qu’on n’a pas calculé : qu’on nous rende à la nudité et à la nuit et l’on verra naitre en Crète il y a quatre mille ans l’amour qui mourut hier au Texas. »
Si le narrateur s’intéresse plus particulièrement au destin du jeune Eugène Gant, lequel partage d’ailleurs quelques traits avec son auteur, ce dernier s’inscrit dans une perspective beaucoup plus large, des origines de la famille Gant en sol américain, la filiation au père. D’ailleurs, la quête de ce dernier à vouloir améliorer son sort, à vouloir se retrouver lui-même, pour lui-même, à faire la preuve de ce qu’il vaut et être reconnu comme tel, cette quête est aussi celle du fils, Eugène, prisonnier de son attachement filial, de la médiocrité de son milieu. Il cherchera, comme ses frères et sœurs, à se libérer du joug maternel, à faire mieux que Gant père.
Trois aspects m’ont particulièrement touché dans ce long roman (environ 600 pages) : la peinture sensible des personnages, le propos et l’écriture.
À découvrir !

Kaftoli - Laval - 58 ans - 8 mars 2014