Petits récits à pâlir la nuit
de Alain Magerotte

critiqué par Bruxellois, le 27 octobre 2012
( - 78 ans)


La note:  étoiles
Douze ombres dans une nuit d'humour
Petit bijou d’humour noir, que ce recueil de contes à lire de préférence la nuit. Récits tantôt brefs, percutants, vous assénant en l’espace de sept pages un uppercut fulgurant d’ironie et de dérision, tantôt s’étirant en humour sanglant, mais toujours empreints de cette ambiance typique de l’auteur, qui met en scène des personnages tellement proches de notre quotidien, avec une aisance redoutable.
J’épingle ici trois d’entre elles, véritables révélatrices de la plume acerbe et impertinente d’Alain Magerotte :

Le grand chien jaune

Dans les brisées des contes de Claude Seignolle, voici une nouvelle à lire un soir d’orage, avec la bourrasque contre les volets, le grondement du tonnerre et la fulgurance perceptible à travers les interstices des châssis… Le mythe du grand chien, dans un petit village perdu. Presque un classique, et pourtant.

Le bureau du fond du couloir

La lente agonie de la routine. Description amère mais lucide de la dégénérescence du fonctionnaire dans toute sa splendeur labichienne. Tout cela enrobé d’une ambiance glauque à souhait, et piqueté d’un humour lancinant.

Correspondances

La quintessence de l’ironie incisive, de la dérision et du machiavélisme. Un échange épistolaire grinçant, dont le style volontairement pompeux contredit l’extrême tension entre les deux correspondants, qui finissent par… correspondre !!!

Le très prolifique nouvelliste belge ne lasse décidément jamais son lecteur : chaque texte est la découverte d’un espace aux dimensions irréelles, tellement intouchable et cependant singulièrement à notre portée. Douze récits pour vous faire vibrer, vous faire rire, mais aussi, en filigrane, une profonde réflexion sur les natures humaines.