Le professeur
de Charlotte Brontë

critiqué par Pierrequiroule, le 24 octobre 2012
(Paris - 43 ans)


La note:  étoiles
Un enseignant en quête d'amour dans un pensionnat de jeunes filles
William Crimsworth vient d’achever ses études à Eton. Orphelin, il se tourne vers son frère Edouard pour se faire une place dans le monde de l’industrie – le roman se passe en effet au début du XIXème siècle, en pleine Révolution industrielle. Mais ce frère se révèle rapidement tyrannique et odieux. William décide alors de quitter l’Angleterre pour tenter sa chance à Bruxelles. Grâce à une lettre de recommandation, il obtient un poste de professeur dans un pensionnat de garçons. Ses bonnes mœurs et la qualité de son enseignement lui permettent de donner aussi des cours d’anglais dans l’école voisine : un pensionnat de jeunes filles ! A 21 ans le voilà exposé à toutes les tentations ! Entre les écolières coquettes et la séduisante Mlle Reuter, directrice de la pension, William devient l’objet de toutes les convoitises. Pourtant, il saura garder la tête froide et trouver l’amour, le vrai.

Ce roman, le premier de Charlotte Brontë, a été refusé par les éditeurs, non pas pour immoralité mais parce que sa qualité était jugée insuffisante. Il n’est publié qu’à titre posthume en 1856, alors que la gloire de son auteure est déjà solidement établie grâce à « Jane Eyre ». Comme dans « Jane Eyre », Charlotte transpose ici son expérience d’enseignante dans une pension bruxelloise. Mais dans ce roman, « Le professeur » est un homme et c’est de son point de vue que nous est narré le récit.

Les 150 premières pages du roman sont vraiment entraînantes et agréables à lire. Le roman se veut réaliste puisqu’il raconte la vie d’un enseignant, de ses débuts difficiles à sa consécration, sans oublier sa vie familiale et sentimentale. Pourtant l’œuvre comporte plusieurs passages très moralisateurs qui nuisent au réalisme psychologique : en clair, la voix du narrateur, un jeune homme amoureux et sans expérience, est parfois étouffée par les opinions de l’auteur, en qui on reconnaît une fille de clergyman. De plus, dans le dernier quart du roman, des discussions dont je n’ai pas vraiment saisi l’intérêt, s’éternisent entre la fiancée et l’ami de William. Est-ce pour prouver la grandeur d’âme du personnage féminin ou pour introduire les opinions de l’auteure ? Toujours est-il que ces dialogues ralentissent considérablement le récit sans l’enrichir. En tant que Brontëmaniaque, j’accorde tout de même trois étoiles à ce roman, mais ce n’est sans doute pas le meilleur des sœurs Brontë. Sur le thème de l’enseignement à l’époque, j’ai préféré « Agnès Grey », histoire d’une jeune gouvernante signée Anne Brontë.
une bluette moralisatrice 4 étoiles

Un jeune anglais sans titre ni fortune décide de tenter sa chance en Belgique avec dans sa poche une lettre de recommandation pour l'enseignement. Il devient après quelques péripéties professeur dans un collège de garçons, qui jouxte un pensionnat de jeunes filles. Rapidement, il est intrigué par les voix et les rires qu'il entend du jardin qui lui cache la vue du pensionnat. La qualité de son enseignement l'amène à donner quelques cours dans ce nouvel établissement, à sa plus grande satisfaction. Il est d'ailleurs assez vite intéressé, voire séduit, par la directrice du pensionnat.


Moi qui suis fan de Jane Eyre, ce petit bijou de la littérature anglaise, je suis terriblement déçue par ce Professeur ! Ce premier livre de Charlotte Brontë fut refusé, parait-il, à sa sortie, par les éditeurs... Pour moi, il est simplement très... décevant !

L'histoire est assez convenue, sans grande surprise. J'ai surtout été assez ulcérée par l'intransigeance des propos tenu par notre petit professeur anglais ! Selon lui, les belges sont bêtes, et portent leur infériorité intellectuelle sur leur faciès ("Certes les deux pauvres garçons étaient Belges et avaient la figure nationale, où l'infériorité intellectuelle est gravée de manière à ne pas pouvoir s'y méprendre"), et les catholiques malhonnêtes ("J'ai besoin de me retrouver au milieu des protestants ; ils sont plus honnêtes que les catholiques. Dans cette maison, ceux qui l'habitent ne sont que perfidie et trahison. Pour eux, le mensonge est légitime, et ils appellent politesse la fausse amitié qu'ils vous témoignent et dont ils couvrent la haine que vous leur inspirez."). Les femmes ne sont pas mieux traitées, au pire elles sont bêtes et vénales, au mieux, en attente d'un homme, un professeur, qui reconnaisse dans leurs yeux baissés l'intelligence et lui permette, avec de patientes leçons, de révéler son potentiel... De façon plus globale, point de salut pour William Crimsworth hors des Anglais et des protestants !! De même, j'ai trouvé presque limite le petit affolement pas très moral qui le titille à l'idée d'enseigner à des jeunes filles ("Être admis dans un pensionnat de demoiselles, quel évènement dans ma vie ! ce devait être si intéressant de donner des leçons à des jeunes filles !"). Le tout n'est finalement qu'une histoire à l'eau de rose qui sert de prétexte à de hautes considérations sur l'intellectuel et la rigueur morale. Reste la jolie plume de Charlotte Brontë, sa capacité à décrire précisément les états de l'âme, et à mettre, de temps en temps, du piquant dans les dialogues.

Ellane92 - Boulogne-Billancourt - 48 ans - 9 juin 2015