La consommation critique : Mouvements pour une alimentation responsable et solidaire
de Auteur inconnu

critiqué par Shelton, le 18 octobre 2012
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Un ouvrage de qualité qui donne du sens...
Rien ne va plus du côté alimentaire sur notre planète. Certes, on a une population en constante augmentation et cela peut expliquer bien des choses… On constate aussi, n’en déplaise à certains, que les modifications climatiques sont réelles et qu’elles impactent certainement les récoltes agricoles dans le monde, d’où un accroissement des difficultés d’approvisionnement de la planète… oui, tout cela est bien vrai, et, pourtant, cela n’est qu’une vision des choses, qu’un aspect du problème, puisque l’on annonce que les pays riches, ou du moins dits riches, gaspillent près de 40% des produits alimentaires utilisés… Il semble bien qu’il y aurait de quoi, malgré le nombre, nourrir correctement tous les habitants de la planète bleue !

Reste à savoir ce qui concerne réellement le consommateur de ces pays riches, a-t-il les moyens de faire changer les comportements, peut-il améliorer la situation des pays si éloignés de lui, la limite du gaspillage a-t-elle un impact sur les autres populations du monde… ? Bref, les questions sont d’autant plus nombreuses que dans le même temps les pays les plus développés ont connu plusieurs scandales agro-alimentaires, que l’obésité se développe chez les jeunes de tous ces pays, que de nombreuses questions se posent autour du bio, des circuits courts et du métier d’agriculteur tout simplement…

L’ouvrage que nous avons là ne va pas répondre à toutes ces interrogations, il va se limiter, c’est déjà beaucoup, à nous faire un tableau concret de ce qui s’expérimente aujourd’hui, dans ces pays développés et riches, en terme de circuits alternatifs pour les produits alimentaires… Oui, certains citoyens sont devenus des véritables « consom’acteurs » et nous ne sommes probablement qu’au début d’un changement en profondeur des comportements de consommation. La crise économique, la peur pour la santé individuelle, le coût des transports – tant financiers que coût carbone – font que le changement va s’accélérer. Certes, il y a aussi de nombreuses questions en suspens, sur la réalité des effets de ces comportements sur la société et la planète, sur les changements climatiques, sur le bio, sur les effets de certains produits sur la santé humaine, sur les OGM…

Dès aujourd’hui, les AMAP (associations pour le maintien de l’agriculture paysanne) sont très nombreuses, les listes d’attente bien remplies dans de nombreuses villes et elles sont entrées dans le paysage de la consommation alimentaire dans l’indifférence totale des tenants de la grande distribution. Soyons très clairs et précis, il ne s’agit pas là d’une innovation de la fin du vingtième siècle ! Quand au dix-neuvième siècle, un prêtre de paroisse tentait de négocier avec un producteur local l’achat de pommes de terre pour un groupe de familles de sa paroisse, quand il recherchait un bon rapport qualité-prix, quand il répartissait ensuite la marchandise, quand il structurait l’ensemble de façon associative et solidaire, il inventait l’AMAP et l’Association familiale avant l’heure…

Ce que l’on voit à travers les différentes expériences, c’est justement à la fois l’aspect pratique et concret, mais aussi la longue filiation de la solidarité pratique que les familles ont développé depuis l’installation en ville du plus grand nombre…

Rien de nouveau, alors ? Si, tout est connu, certes, mais tout est développé, approfondi, conscientisé, organisé, légalisé… Oui, l’homme est naturellement, même si on avait perdu de vue cet aspect des choses, locavore ! Il mange ce qui vient de chez lui, des produits dont il connaît le fabricant, dont il connaît la qualité, au goût et pour sa santé… Il s’est laissé surprendre ces dernières années par des appels spectaculaires, une publicité agressive, un marketing efficace… il retrouve son bon sens, lentement mais sûrement, et cet ouvrage nous montre que tout ce changement devrait être durable, solide…

Tout n’est pas encore terminé. Il doit y avoir une pédagogie mise en place à tous les niveaux et ce n’est pas encore le cas : apprendre à ne plus gaspiller, comprendre ce qu’est une bonne alimentation, redonner confiance aux agriculteurs pour qu’ils abandonnent les solutions de facilité qui ont mis en danger leur propre métier et leur crédibilité auprès des populations… Il doit aussi y avoir des lois qui encadrent ces expériences et qui permettent, surtout, en cas de réussite, une pérennisation de ces alternatives… Enfin, il faut des politiques qui assument leur soutien à ces associations dans le cadre d’une économie solidaire qui peut se développer en parallèle avec toutes les autres formes économiques…

Un très bon ouvrage à lire et faire lire si on croit que rien n’est définitivement perdu sur cette planète… Sinon…