Tous les Lucky Luke ne se ressemblent pas et j’avoue que je soupçonne, parfois, les auteurs d’en avoir écrits trop et trop vite. Il suffit pour comprendre cela de voir les dates de prépublication : La diligence en 1967, Le Pied-Tendre entre 1967 et 1968, Dalton City en 1968 sans oublier quelques petites histoires de Lucky Luke entre ces trois albums… Quand on sait qu’aujourd’hui certains dessinateurs mettent plus de deux ans à produire certaines histoires, on peut oser émettre l’idée que Morris allait parfois un peu trop vite et que Goscinny écrivait les scénarios comme d’autres font à manger tous les jours… Et il arrive que certains plats soient moins bons que d’autres !
Dalton City est pour moi un album moyen de la série. Je n’ai pas dit mauvais, car il y a quelques bonnes trouvailles, mais franchement on a envie d’écrire dans la marge « Peut mieux faire » !
Mieux faire dans le scénario, tout d’abord, car si l’idée de départ – offrir aux Dalton une ville abandonnée pour qu’ils puissent construire leur Eldorado – est plutôt sympathique, tout le reste est attendu : Lucky Luke, dès le départ pousse les Dalton dans leur entreprise pour qu’un jour il puisse arrêter tous truands du Texas et d’ailleurs… J’ai envie de dire : « Bon, et alors ? »
Et le dessin, direz-vous ? Là encore, j’ose dire que Morris ne s’est pas trop appliqué. Certaines vignettes sont un peu légères, beaucoup trop sont sans décor, juste un peu de couleur… Parfois la tête Lucky Luke est bâclée, certaines postures de personnages sont très proches d’une page à une autre pour ne pas dire identiques. Il travaillait trop vite de toute évidence et il fera encore plus fort quelques années plus tard en utilisant l’ordinateur…
Je disais, quand même, quelques petites trouvailles ou gags de bonne qualité… Oui, pour moi c’est un des albums où les auteurs utilisent le mieux le mécanisme du gag à répétition avec ce pauvre Rantanplan qui cherche à sauter dans les bras de ceux qu’il aime… Mais comme nous sommes en présence du chien le plus bête de l’Ouest… je vous laisse deviner la suite !
Comme souvent, on découvre des personnages récurrents et c’est le cas dans cet album de Lulu Carabine et ses danseuses de saloon… Il s’agit d’une caricature de l’actrice américaine Mae West. Ce qui devient assez drôle dans cet album c’est de voir pour la première fois deux Dalton devenir amoureux, Joe et William. Les tensions entre les deux frères seront terribles et Luke va en profiter, bien sûr ! On retrouvera Lulu Carabine dans Western Circus…
Voilà ce que je pouvais dire de cet album. Il est certainement à lire pour les fans de la série, les inconditionnels de Lucky Luke, mais je crois que les autres peuvent s’en dispenser et il n’est pas dans mon top cinq des albums des aventures de Lucky Luke…
Shelton - Chalon-sur-Saône - 69 ans - 6 mai 2013 |