Nous, les enfants de 1973 : De la naissance à l'âge adulte
de Eric Daries, Jérôme Maufras

critiqué par Numanuma, le 6 octobre 2012
(Tours - 51 ans)


La note:  étoiles
Age tendre et cols pelle à tarte
Depuis quelques semaines, il n’est plus possible de manquer ces petits livres. Entrez chez n’importe quel débit de lettres, librairies, marchands de journaux et aux surfaces culturelles, comme on dirait débit de boisson pour les bistrots, pour les voir envahir les étagères. Il s’agit d’une série qui s’intitule « Nous les enfants de … » suivi l’une année, de 1929 à 1982, éditée chez Wartberg et coûtant 13.10€.
Il faut croire que 1973 fut fertile en naissance : il m’a fallu chercher beaucoup pour en trouver un. D’ailleurs, j’ai beau regarder, guerre du Kippour, choc pétrolier, renversement du gouvernement Allende au Chili, entre autres, rien qui soit au niveau de ce qui reste l’événement majeur de cette année, de cette décennie dirais-je : mon arrivée au monde !
Blague à part, l’intérêt de ces 63 pages est ailleurs que dans son aspect historique qui est finalement limité à quelques encarts chronologiques et hors-textes consacrés à certains événements de la décennie.
Ce qui est intéressant, c’est ces quelques années sont racontées par deux personnes nées cette année-là ; en l’occurrence, Eric Daries et Jérôme Maufras, deux illustres inconnus me semble-t-il qui ont écrit des pièces de théâtre ensemble.
Pas de nostalgie dans ces pages qui ne sentent pas le « c’était mieux avant » mais plutôt une sorte de mélancolie propre aux années d’insouciance de l’enfance. De plus, ce côté « personnel » permet d’éviter la sécheresse informative des livres d’histoire. Les auteurs s’adressent à ce lecteur particulier qui a comme point commun d’avoir connu, grosso modo, les mêmes éléments de vie grâce aux passages obligés que sont l’école, les vacances, les jouets de Noël, la majorité, le livre couvrant les 18 premières années de vie.
Comme le dit le quatrième de couverture, les enfants de 1973 sont « arrivés trop tard pour les Trente Glorieuses et trop tôt pour la téléréalité, nous sommes comme un meuble Louis XIII dans un salon Starck : gentiment désuets – mais terriblement heureux de l’être ». Pris d’un doute, j’ai jeté un œil sur la définition de «désuet » : ringard, caduc, démodé… Heu ?? C’est pas comme ça que je me vois mais je comprends l’idée : le cul entre deux chaises et fier de l’être, pourquoi pas ? Au moins, ça reflète bien ma vie professionnelle.
On voit bien la limite de cette sympathique série : qu’est-ce qui peut bien différencier fondamentalement quelqu’un né en 1973 d’une personne née en 1974 ? Pas grand-chose. Ça marche aussi avec 1973 et 1975, 76 ou 77. D’ailleurs, certains événements se retrouvent dans plusieurs volumes. Par exemple, le traumatisme de l’élimination de la France en demi-finale de la Coupe du Monde en Espagne, en 1982, par la RFA. Je n’utilise pas de mot trop fort, voyez n’importe quelle interview d’Alain Giresse sur le sujet : ce gars sera marqué à vie par ce match d’exception accompagné d’un arbitrage au-dessous de tout !
Personnellement, cette compétition est marquée par mon premier album d’images Panini (je regrette encore aujourd’hui d’avoir bazardé tous ces albums). Les matches, je les regardais parce qu’à ce moment-là, j’étais avec mon père, qui lui suivait les matches en vrai fan de foot, ce que j’ai fini par devenir. Cette demi-finale, je n’en ai que des bribes en mémoire mais je me souviens parfaitement de l’atroce sensation de gâchis irréparable que Thierry Roland exprimera plus tard d’une manière beaucoup plus fleurie mais tout aussi valable : « on s’est fait enculer, à sec » !