Hitler et la fillette
de Catherine Shvets

critiqué par Libris québécis, le 5 août 2012
(Montréal - 83 ans)


La note:  étoiles
Les Juifs sauvés par les Allemands
Catherine Shvets, née en 1993, rend hommage à sa grand’mère, une survivante de l’holocauste. En s’inspirant des anecdotes de son aïeule, la jeune auteure côtoie le genre fantastique pour aborder un grave sujet qu’elle traite avec une justesse rare pour une ado. Le recueil est composé de quinze nouvelles, dont l’unité est assurée par l’apparition récurrente d’une fillette, victime d’une haine qui dépasse l’entendement, comme celle de La Liste de Schindler.

Le propos tend à démontrer comment s’est vécu au quotidien l’égarement d’Hitler que l’auteure cite entre chaque nouvelle pour expliquer pourquoi le Führer voulait que « le juif, cette sangsue,», soit exterminé. Elle attire l’attention sur le profilage ethnique qui alimentait les camps de la mort.

À l’instar d’Ann Frank, elle a évité de se rabattre sur les nazis. Le recueil souligne plutôt la magnanimité de certains Teutons, à qui Catherine Shvets a imaginé une fausse biographie. Même des officiers ont prouvé leur respect de la vie en épargnant, à leur risque et péril, plusieurs yiddishs de la mort malgré les ordres du petit moustachu.

Une grande bonté parcourt cette œuvre de 128 pages attachée aux gestes touchants, qui réconfortent les victimes grâce à la consigne tacite du partage. À l’abri du sentimentalisme, bonbons, poupées et tissus abîmés changent de main comme on offre aussi un bol de bortsch et une tranche de pain, cette dernière que l’on ne mange pas pour la réserver à plus malheureux que soi.

Aveuglé par l’admiration, le chroniqueur du réputé journal Le Devoir, a été subjugué par ce recueil d’une maturité surprenante : « Un livre remarquable, admirable, inclassable. Une pièce d'orfèvrerie. »