Naissances de la politique moderne : Machiavel, Hobbes, Rousseau
de Pierre Manent

critiqué par Veneziano, le 30 juillet 2012
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Trois maîtres de la philosophie politique la modernisent
Cet universitaire sélectionne trois auteurs, pour présenter l'évolution théorique qui a fait basculer la philosophie politique dans la modernité. Se succèdent ainsi trois monographies, avec l'essentiel de leurs apports à la pensée politique, celle de Machiavel, de Thomas Hobbes et de Jean-Jacques Rousseau.
Pour synthétiser autour d'une notion leur réflexion sur le pouvoir et le rôle de l'Etat, les termes et expression retenus pourraient être la ruse, l'obéissance et le culte du droit.
Machiavel montre l'utilité de la stratégie dans la conquête du pouvoir, dans la transformation de la personne ordinaire en Prince. Si elle n'est pas forcément amorale, la qualité de "virtù", de vertu propre à ce domaine, est porteuse de ses propres valeurs, indépendantes de l'exercice du pouvoir.
Hobbes justifie la création de l'Etat, cette machine froide mais nécessaire qu'est le Léviathan, pour sortir de la violence de l'état primitif et de la peur de la mort violente. L'obéissance et le monopole de la contrainte impliquent légitimité du pouvoir et respect, malgré les calculs personnels, inhérents à la nature humaine.
Pour Rousseau, l'état de nature ayant été dévoyé dans la pratique, notamment par la propriété, un pacte ou contrat social est devenu nécessaire, dans un but d'égalité et de répartition. Mais, pour lui, la démocratie représente des faiblesses, l'autoritarisme permettant davantage l'égalité entre citoyens. Le culte du droit est utile, à cette fin, et à mêler au culte du fait que les deux premiers auteurs mettent en avant.

Cet ouvrage pédagogique reste philosophique. Même au cas où les idées présentées sont plus ou moins connues, ce livre doit être médité quelque peu, pour être pleinement entendu et pour en tirer vraiment profit.
Il est loin d'être de vain pour prendre du recul sur les fondements des sociétés démocratiques modernes, a fortiori contemporaines. Il est juste dommage que Montesquieu n'ait pas sa place dans cet ouvrage.