L'histoire d'amour du siècle
de Märta Tikkanen, Henrik Tikkanen (Dessin)

critiqué par Pucksimberg, le 14 juillet 2012
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Les confidences d'une poétesse sur sa vie amoureuse marquée par la violence de son époux.
J'avais été frappé par le roman finlandais de Märta Tikkanen intitulé "Les Hommes ne peuvent être violés" dans lequel une femme abusée décide de prendre sa revanche sur son bourreau en lui imposant le même sort. Dans le recueil de poèmes "L'Histoire d'amour du siècle"du même auteur, elle raconte son histoire d'amour avec Henrik Tikkanen artiste célèbre en Finlande, mais surtout alcoolique violent.

Avec une franchise désarmante elle expose son histoire d'amour, faite de violence, de silences, de désespoir amoureux comme elle le dit elle-même et d'incompréhension. Märta Tikkanen se sent meurtrie par l'homme qu'elle aime tout en se rendant compte que son artiste de mari ne l'entend plus. Elle ne sait comment se faire comprendre et c'est par la publication de ses poèmes qu'elle espère le sensibiliser et partager avec d'autres femmes cette situation qui devient de plus en plus fréquente malheureusement.

Ses poèmes oscillent entre violence et amour. Il l'insulte, la bat, n'accepte pas que le talent de son épouse puisse le concurrencer. Elle, elle souhaite le sauver, reçoit les coups et protège ses enfants, accepte l'adultère puisqu'elle n'a pas le choix. Mais elle l'aime et il l'aime. Mal.
Leur amour est exclusif. Le couple tourne le dos au monde et s'enterre dans cette relation étouffante.

La poésie de Tikkanen est moderne, le vocabulaire courant, parfois vulgaire. Ces poèmes semblent des conversations, des confidences à un journal intime sans ponctuation avec des strophes de longueur inégale, tout comme les vers. La longueur des vers va en diminuant et le dernier vers n'est souvent constitué que de deux à trois syllabes comme si le langage devenait inefficace. La force de ce recueil repose sur la franchise des confidences, sur le courage de Märta Tikkanen et sur l'oralité de certains textes qui nous secouent. Le travail sur la langue est assez mince, peu de figures de style ... Ces poèmes répondent plus à un besoin irrépressible de se confier, qu'à une volonté de faire des textes très travaillés et très poétiques, c'est ce qui m'a le plus manqué durant cette lecture.

" (... )
Je rentre préparer
le dîner
Moi toujours moi
moi évidemment
mais ce repas
il ne plaît pas
à tes yeux attristés

Je vais faire un tour
sur les rochers
Espèce d'idiot, dis-je
espère de bougre
d'imbécile
et t'embrasse sur la bouche

Espèce de salope, dis-tu
à contrecoeur
tu m'embrasses sur la bouche
sept mille volts
et tu files pêcher
quatre brochets
en mer

(... )

Mon Dieu
comme nous devons
nous aimer"

Le titre du recueil est une expression du mari de la poétesse, expression qui déconcerte Märta Tikkanen étant donné son comportement. Le recueil est accompagné pourtant de dessins du fameux époux violent, dessins qui ne sont pas sans rappeler ceux de Cocteau.

Ce recueil de poèmes a reçu un franc accueil en Finlande. Il a été traduit en de nombreuses langues, porté à la scène, donné à la radio et à la télévision.