Les contes macabres
de Edgar Allan Poe, Benjamin Lacombe (Dessin)

critiqué par Nance, le 2 juillet 2012
( - - ans)


La note:  étoiles
Album d'un grand esthétisme
Ce livre illustré par Benjamin Lacombe contient sept nouvelles d’Edgar Allan Poe dans leur intégralité (traduction de Charles Baudelaire), c’est suivi d’une courte « biographie » sur le poète américain (toujours par Baudelaire). À la fin de l’ouvrage, il y a aussi trois autres biographies express et bibliographies (celles de Poe, Baudelaire et Lacombe). Comme on peut le voir, c’est très complet. On en vient presque à regretter qu’il n’y ait pas plus de nouvelles, mais celles choisies sont parmi les histoires que j’aime le plus.

Bérénice : Un homme malade nous parle de la transformation physique et morale de sa fiancée. « Les yeux étaient sans vie et sans éclat, en apparence sans pupilles, et involontairement je détournai ma vue de leur fixité vitreuse pour contempler les lèvres amincies et recroquevillées. »

Le chat noir : Un homme qui voit son tempérament changé par l’alcool, se venge sur son chat noir. « Mais mon mal m’envahissait de plus en plus, - car quel mal est comparable à l’alcool ? [...] Pluton lui-même commença à connaître les effets de mon méchant caractère. »

L’île de la Fée : Un homme se laisse à la rêverie d’une île enchantée. « C’est le rendez-vous des quelques gracieuses Fées qui ont survécu à la destruction de leur race. Ces vertes tombes sont-elles les leurs ? »

Le coeur révélateur : Un homme « sensible » nous parle de son obsession pour l’oeil et le coeur d’un vieil homme qu’il compte tuer. « Il est impossible de dire comment l’idée entra primitivement dans ma cervelle ; mais, une fois conçue, elle me hanta nuit et jour. »

La chute de la maison Usher : Un homme se rend sur le vieux domaine d’un ami d’enfance qui lui demande de l’aide. « Je fus forcé de me rejeter dans cette conclusion peu satisfaisante, qu’il existe des combinaisons d’objets naturels très simples qui ont la puissance de nous affecter de cette sorte, et que l’analyse de cette puissance gît dans des considérations où nous perdrions pied. »

Le portrait ovale : « J’avais deviné que le charme de la peinture était une expression vitale absolument adéquate à la vie elle-même, qui d’abord m’avait fait tressaillir, et finalement m’avait confondu, subjugué, épouvanté. »Un homme blessé entre de force dans un château abandonné pour y passer la nuit et y découvre un tableau surréellement réaliste.

Morella : « Je vais mourir, cependant je vivrai. » Un homme qui rejeta sa femme pendant qu’elle était vivante, va adorer leur fille qui va de plus en plus ressembler à la défunte.

C’est toujours avec plaisir que je revisite Edgar Allan Poe ! J’ai été contente qu’on n’ait pas adapté ces nouvelles et pris les textes de Charles Baudelaire. C’est toute une chance, parce que généralement je n’aime pas l’écriture de Benjamin Lacombe, meilleur dessinateur que conteur. La magie de ses dessins opère, ils sont magnifiques et se marient bien avec le texte. La seule critique que j’aurais pour les illustrations c’est le côté poupée du dessinateur (qui me fait beaucoup penser Nicoletta Ceccoli) qui sied parfois mal à des personnages plus adultes, mais reste que c’est des dessins très beaux, très esthétiques et la présentation est de premier choix. Un album pour les amoureux d’Edgar Allan Poe, ce que je suis, et aussi les admirateurs de Benjamin Lacombe. Vous ne serez pas déçu.