Le jardin des bêtes sauvages
de Georges Duhamel

critiqué par CC.RIDER, le 2 juillet 2012
( - 65 ans)


La note:  étoiles
Famille, je vous hais
En 1895, Laurent Pasquier qui a maintenant 15 ans est entré comme boursier au lycée Henri IV. Son frère Joseph fait son service militaire à Toul. Son frère Ferdinand accompli un stage chez un avoué de la place Vendôme et sa soeur Cécile devient une véritable virtuose du piano sous la houlette de M.Dietrich et du fantasque Valdemar Henningsen. Le situation financière de la famille est loin de s'être améliorée et comme un malheur n'arrive jamais seul, une indiscrétion permet à Laurent de découvrir la double vie de son père. Il le vit très mal.
« Le jardin des bêtes sauvages » deuxième tome sur les dix que comporte la « Chronique des Pasquier » fait entrer le lecteur plus avant dans l'intimité de cette sympathique et malheureuse famille. Les apparences sont trompeuses et cachent quelques défauts et turpitudes. L'image du paterfamilias irréprochable, moralisateur et donneur de leçon en prend un très gros coup. Se dévoilent également l'avarice et la cupidité de Joseph, la sottise de Ferdinand et d'autres facettes de la personnalité de la petite Cécile. Le style de Georges Duhamel est toujours vif, agréable et élégant en dépit de ses habituelles envolées lyriques, un peu dépassées de nos jours. Au delà de l'intérêt historique et sociologique de cette fresque, le lecteur se laisse peu à peu gagner par une empathie certaine pour des personnages attachants malgré tout et dont il se demande comment ils vont évoluer au fil du temps.
Ah ! les secrets de famille ! 10 étoiles

Ce deuxième livre de la série des Pasquier est plus étoffé que le premier. L’enfant qui raconte a maintenant 15 ans. Il fait preuve de plus de lucidité. Il découvre les abominables « secrets de famille » qui empoisonnent l’atmosphère mais, ses jugements sont toujours à l’emporte pièces et sans concession, comme le sont toujours les jugements des adolescents. Les membres de la famille Pasquier prennent de plus en plus de consistance et le lecteur est pris par l’envie de les juger, tellement ils sont bien définis dans leur étrangeté.

Comme dans le premier livre de la série, l’auteur restitue très bien l’ambiance de l’époque où se passe l’action. Nous sommes au début du XXème siècle, un temps où la Science était la nouvelle religion qui allait, enfin, rendre l’Homme meilleur en le débarrassant de ses corvées quotidiennes, ce qui lui donnerait le temps de s’instruire et de s’éduquer.

L’écriture de Duhamel est toujours aussi parfaite et ses envolées philosophiques deviennent un peu plus nombreuses pour le plus grand plaisir du lecteur.
Je gage qu’à partir d’ici, tout amateur de bonne lecture tient en main une série qu’il ne pourra plus lâcher avant d’avoir lu le dernier mot du dernier livre.

Saint Jean-Baptiste - Ottignies - 88 ans - 10 novembre 2023