La femme sans tête
de Vicente Molina Foix

critiqué par Darius, le 25 octobre 2002
(Bruxelles - - ans)


La note:  étoiles
Un imbroglio politique
"Ton père était trop idéologue pour être criminel. ‚à l'a perdu. Et le Rideau de Fer. Après sa chute, ce n’était plus le même. Il a commencé à se distraire, à faire la coquette avec les uns et les autres, et à apprendre, çà été le pire, le catéchisme de Bakounine. Ton père était un artiste du communisme. Le problème, c’est qu'on devait se balader en trotskystes. Par pur déguisement. Camouflage idéologique. Nous, les communistes pure souche ! Mais le Rideau de Fer n'était pas plus tôt tombé que ton père s'est mis à flirter avec l’Anarchie, cette femme légère aux cheveux emmêlés. Et il a commencé à décliner, il menait une double ou triple vie de joueur et de dandy, qui ne convenait pas du tout à un spartiate du bolchevisme comme lui. Tu ne vas peut-être pas le croire mais dans ces crétins, il a cru voir, simplement parce qu'ils venaient d’où ils venaient, les héritiers de son URSS chérie, et on était dans la bande depuis deux ans déjà lorsqu'il s’est rendu compte qu’ils étaient encore moins communistes que ta défunte grand-mère, qu'elle repose dans le paradis de la paix léniniste". (...) Je pourrais continuer la tirade, mais je risque de vous lasser. Ceci pour vous dire que je ne comprends pas comment un journaliste du très sérieux "El Pais" se met à rédiger ce méli-mélo politique, sauf si l’écrivain en question s'occupe de la rubrique "chiens écrasés".
Ou bien suis-je trop idéaliste et n'ai-je pas encore compris qu'on peut avoir deux vies, une de héros politique et l'autre de canaille.. Ou alors, les idées politiques ne sont qu'une vaste fanfaronnade. Je n'ose cependant le croire, des écrits sérieux et sensés existent.. Pourquoi l'auteur mêle-t'il le tout allègrement ? Je l'ignore, mais cet amalgame m'a dérangée..
Venons-en au sujet : un détective largué par sa femme, associé avec un homosexuel, obsédé par le sexe, adepte des prostituées qui lui proposent "une impériale"(*), nous promène dans le milieu interlope de Madrid, à la recherche du passé d'une cliente dont il tombe amoureux.
Sexe, viol de petite fille par ses frères, drogue, politique, mafia russe, vengeance, voilà quelques ingrédients du roman qui a la prétention d’être un polar. Une fois de plus, une certaine lassitude m’étreint lorsque le récit arrive à son dénouement. Les motivations du ou des tueurs ne parviennent pas à me convaincre. Pourquoi cette vengeance qui prend des années pour arriver à maturité ? Vous me rétorquerez qu’il faut bien soutenir le suspense. Est-ce ma vision trop sociologique des assassins qui me laisse sur ma faim quant à leurs motivations ? Peut-être… La quatrième de couverture parle d’une "intéressante réflexion sur la vérité impossible et le destin solitaire des perdants".
Je ne serais pas aussi élogieuse dans mon avis ; de plus, j’ai eu beaucoup de mal à terminer le livre.
Traduit de l'espagnol par Claude Murcia
(*) A vous d’imaginer ce que cela peut bien être…