L'été 80
de Marguerite Duras

critiqué par Js75, le 8 mai 2012
( - 41 ans)


La note:  étoiles
2,5 étoiles!
L’Été 80 est un recueil de textes de Marguerite Duras qui regroupe dix articles écrits entre juin et août 1980 par Duras pour le journal Libération. C'est un recueil qui se révèle disparate dans sa forme, on peut le diviser en deux parties qui sont à chaque chapitre ensemble alors qu'ils ne se répondent pas. Encore une fois l'auteure innove au niveau de la construction des articles passant sans transition d'une partie à une autre sans cohérence apparente. Il y a une partie politique où Duras commente avec véhémence les évènements de cet été notamment les JO à Moscou. S'ensuit un réquisitoire du socialisme dans sa globalité qui semble parfois injustifié et un peu expéditif dans ses jugements. Cette partie ne m’a pas intéressé outre mesure contrairement à l'autre partie romancée qu'on pourrait qualifier tout à la fois de mystérieuse, poétique, métaphysique, pas d'intrigue à proprement parler mais la récurrence d'un personnage énigmatique, le jeune garçon aux yeux gris. Le style de Duras est inégal certains passages paraissent plats, légèrement banals et lourds dans ses répétitions d'autres paraissent excellents par leur style poétique, riche. On pourra aussi qualifier son style de contrasté avec une alternance entre des phrases très courtes et des phrases longues de presque plus d'une page impressionnantes. L'auteure prouve encore une fois qu'elle est dans une démarche personnelle, d'innovation dans la forme. Mais elle essaye d'associer sans succès son formalisme habituel avec un fond politique plus discutable qui ne convainc pas. L’Été 80 est donc un livre plutôt moyen, indubitablement intéressant dans sa forme mais qui a eu du mal à me passionner vraiment même dans ses belles envolées formalistes, son manque parfois de cohérence, ses confusions et ses aléas soudains déroutent plus qu'elle n'enchantent. A lire pour l'originalité de la démarche.