La petite dame d'Ostende et autres rencontres
de Anne Renault

critiqué par Paia, le 20 avril 2012
( - 75 ans)


La note:  étoiles
Ces gens qui donnent la couleur d'une journée, d'une vie...
Dix nouvelles, dix rencontres, dix empreintes qui resteront là. Des rencontres qui auraient pu être banales, perdues parmi d’autres. Remisées dans un distrait « tu ne devineras jamais ce qui m’est arrivé aujourd’hui » dont on s’effare ou s’esclaffe, ou se surprend juste un peu. Et pourtant Anne Renault sait, elle, en quoi elles sont uniques, précieuses ou révélatrices. Révélatrices elles le sont toutes, dans des registres différents.

Une écriture minutieuse qui pointe vers les méandres de l’âme, du cœur… Qui dénoue les tourments, démêle les solitudes, lisse les angoisses, perturbe les sens. Il y a ces enfants qui exultent dans la taquinerie ou encore un moment béni de communion de sourires… Ces femmes et hommes solitaires pour un instant, une vie ou juste dans leur tête. Ces gens à l’âme en désordre, qui crient de leur voix ou de leur regard.

Tous ces isolements, mauvais partages, instants de doute, désirs cuisants sont, oui, colorés de la tristesse ou rage qui en font partie, mais la rencontre est la révélation, le moment précieux qui ouvre ou referme une porte avec un fracas que seul le protagoniste entend.

Aucune histoire ne ressemble à la précédente. La musique varie, tant par la partition que par les instruments. Le décor est bien campé, si bien imagé qu’on entre dans un grand tableau.

« La pluie violente avait cessé. Subsistait une bruine froide, qui faisait luire les capots des voitures et entourait d’un halo les enseignes lumineuses maintenant allumées. »

« La Digue était à vingt mètres. Quand je l’ai atteinte, la bourrasque m’a saisie de plein fouet, au point de me faire chanceler. Je me suis calée à un mur pour m’orienter. En face de moi, l’étendue absolument noire, grondante, sauvage, de la mer. »

J’avais découvert l’écriture d’Anne Renault grâce à son premier livre, Suicide dans l’après-midi. C’est avec bonheur que je continue de suivre sa plume élégante mais incisive dans ce sercond recueil. Je retrouve ici une certaine … douceur dans la souffrance, avec des explosions passionnées. Il y a toujours charme et sensualité dans les nostalgies évoquées par Anne, et aussi des éclats de volupté ou colère.