L'entrave
de Colette

critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 1 octobre 2002
(Liernu - 56 ans)


La note:  étoiles
Solitude chérie, solitude haïe
Il fallait tout l'art de Colette pour rendre captivante cette banale histoire d'amour.
Oui, le coeur du lecteur palpite au même rythme que celui de Renée Néré, mais, petit conseil aux inconditionnels de Barbara Cartland, ne cherchez pas ici de l'eau de rose, vous serez déçus.
Par contre, les amateurs d’émotion retenue, de fine analyse de remous discrets pourront se baigner à loisir dans les eaux bleutées de l'écriture de Colette.
Mais gare à la noyade, l’histoire n'est pas du plus drôle.
Renée Néré décide de quitter la scène à 36 ans.
Elle porte haut son indépendance, d’hôtel en hôtel.
Et comble sa vacuité grâce à la distraction d'autres pensionnaires.
May, par exemple, cette cervelle d'oiseau de 25 ans, tout en sautillements et en inconstance, offre quelque diversion à sa langueur.
Et que dire de Jean, l'amant de May…
La tentation est grande de le classer parmi les irréductibles machos.
Quant à Masseau, bouffon tendre et clairvoyant, il agrémente le livre d'une touche salée.
Où est l'histoire d’amour promise ?
Mais vous l'avez sous les yeux…
Renée, qui se défend de toute relation amoureuse.
Jean, le ténébreux…
Ca ne vous dit rien ?
Mais rappelez-vous, nous sommes ici loin des lieux communs et l'auteur excelle dans l'introspection.
Tout cela porté par une tension fort bien dosée.
Une femme amoureuse... 8 étoiles

Second livre de Colette, autant le dire celui-ci est moins abordable dans sa lecture que " Chéri ".

Les amours contrariés d'une artiste qui a raccroché les gants du music-hall et qui passe son temps entre Paris, la Riviera et la Suisse. Une bourgeoise-bohème, avant l'heure, qui flâne au gré de ses rencontres .

Dépitée par sa dernière séparation, Renée va rencontrer Jean et tenter de vivre un autre amour, peut-être le seul qu'elle ait jamais vécu au fond.
Renée va devoir apprendre à mettre de l'eau dans son vin, à accepter le licol que Jean par ses habitudes veut lui passer au cou, non sans encombre.
Colette écrit admirablement bien, trop bien.
Par le grand talent de Colette, l'Entrave devient un roman complexe et difficile, je n'ai pas bien saisi ce que représentait Masseau, un mirage vivant, une conscience supérieure et farfelue !
L'Entrave est donc le roman d'une femme amoureuse, d'une certaine manière un roman féminin mais surtout pas féministe.
C'est le deuxième roman de Colette que je lis et il semblerait que la dame soit abonnée aux relations amoureuses difficiles.

Nous verrons la suite de ses romans ...

Hexagone - - 53 ans - 11 août 2012