Le Médecin de campagne
de Honoré de Balzac

critiqué par Chene, le 23 mars 2012
(Tours - 54 ans)


La note:  étoiles
Savoureux...
Un médecin de campagne, nommé Benassis transforme une bourgade de misère frappée de crétinisme aigu en une ville prospère. Ce médecin admirable ne cherche ni gloire, ni fortune. Il ne veut faire que le bien. Une sorte de saint. Il vit lui-même assez sobrement.
La première partie du roman est consacrée aux vues politique et économique de cet homme modèle et aux résultats surprenant de sa politique. A travers ce médecin, Balzac expose ses propres vues politiques. Certains de nos hommes politiques devraient s’en inspirer d'ailleurs. Le but recherché n'est pas le profit personnel, mais le bien et le développement de la communauté et donc à terme celui de l’individu. Balzac nous expose aussi ses points de vues moraux, notamment sur la place de la famille et du chef de famille fondement de toute société. Ces idées sont assez désuètes aujourd’hui mais néanmoins elles ne sont pas dépourvues de tout intérêt.
Les autres parties du roman évoquent la retraite de Russie de 1812 et les campagnes Napoléoniennes, à travers deux anciens grognards, Grondin et Goguelat. Grondin est le dernier pontonnier encore vivant qui a construit au péril de sa vie en plongeant dans l’eau glacée pendant la retraite, le pont qui permit à l’Empereur et à l’armée de passer la Berezina et ainsi d’échapper aux Russes. Grondin est vieux et vit dans la misère. Il n’a jamais été reconnu comme héros national. Il doit travailler pour survivre. Là aussi est évoquée la grande misère dans laquelle furent plongés les anciens combattants de l’Empire Napoléonien.
Le roman est aussi un éloge de la nature. J’ai adoré ce livre que j’ai savouré avec délice page après page. L’histoire est plaisante et remarquablement écrite (comme d’habitude avec Balzac). Les tableaux de la vie paysanne sont réalistes et instructifs. Ils retracent l’époque admirablement. Les détails sur les campagnes Napoléoniennes sont à dévorer pour les amateurs. Encore une fois, Balzac maîtrise son art.
Saint laïc 6 étoiles

Ecrit en 1833, Le médecin de campagne fait partie des scènes de la vie de campagne de la Comédie humaine, la grande fresque sociale et politique de Balzac. Un cavalier, ancien militaire des armées de Napoléon, arrive dans un petit village du Dauphiné, il fait connaissance avec le maire, le docteur Benassis et se lie très vite d'amitié avec le notable. Celui-ci lui conte par le détail les transformations qu'il a opérées dans la trame des relations villageoises en assainissant l’habitat, en développant l'économie, en réformant les moeurs. C'est ainsi que ce personnage, le fameux médecin de campagne apparaît comme un véritable modèle, juste, énergique, tolérant, compréhensif, modéré.
L'ensemble de la population du village le respecte et il n'y a rien à reprocher à cet édile qui a mis sa vie au service du développement moral et économique de ce coin de vallée retiré. Rien à se reprocher... voire. C'est le parti pris de Balzac en effet que de montrer comment un homme peut mettre ses facultés à faire le bien (cette figure du saint laïc) après avoir vécu une vie moralement condamnable... c'est surtout pour Balzac l'occasion de développer avant tout ses idées politique au cours du long dîner qu’offre Benassis à Genestas (le cavalier) et aux membres les plus importants du bourg. Ce long tunnel au cours du récit n'est pas très subtil et casse le rythme d'une narration qui jusqu’alors s'était révélée passionnante: comment peut-on améliorer et reconstruire le dynamisme d'une communauté.
Après ce passage, mon intérêt pour l'ouvrage a fortement diminué d'autant que Balzac insiste sur les déboires de Benassis, fils de famille qui s'est fourvoyé dans quelque aventure galante. Genestas quant à lui représente cette catégorie de la population d'alors, fervent bonapartiste qui espère secrètement le retour de l'Empereur mais qui continue de servir la France des Bourbons malgré tout. Lui aussi a un secret qu'il consent à partager avec le lecteur... les amitiés alors se renforcent et l'épilogue du livre, véritable ode à Benassis, figure christique qui se sacrifie pour le bien des autres (la Fosseuse, le fils de Genestad, le village tout entier, au premier plan ses patients)-
Le Médecin de campagne est un roman très intéressant mais qui souffre malheureusement de quelques passages trop longs à mon goût au cours desquels l'auteur tend à tout expliquer à son lecteur... une écriture trop détaillée, pas très subtile en somme mais qui bénéficie d'un style toujours impeccable.

Vince92 - Zürich - 46 ans - 12 juin 2023


Le médecin de campagne 6 étoiles

L'histoire se résume en quelques mots. Balzac nous raconte un épisode de la vie d'un médecin philanthrope qui, par son action professionnelle et sa bonne administration municipale, a transformé et enrichi une pauvre bourgade de Savoie.

Un texte un peu alambiqué vu par des yeux du 21ème siècle mais l'auteur sait rendre agréable la lecture dans de savoureuses descriptions.



PERSONNAGES

– BENASSIS : héritier d'une riche fortune, il abandonne la femme dont il a eu un enfant ; près de se marier avec Evelina, fille d'une famille janséniste, il doit renoncer à épouser celle qu'il aime à cause de son passé, puis, son fils étant mort de maladie, il se fixe dans un bourg de Savoie pour y faire le bien ; lui-même meurt brutalement, après avoir pris connaissance d'une lettre sans doute envoyée par Evelina ou sa famille, mais dont on ne saura rien.

– BUTIFER : braconnier épris de liberté, chargé d'accompagner dans la montagne Adrien Genestas convalescent ; s'engagera dans l'armée à la mort de Benassis.

– CAMBON : marchand de bois et adjoint du maire Benassis.

– LA FOSSEUSE : pauvre orpheline, fille du fosseur (fossoyeur ?), rêveuse et sentimentale, protégée par Benassis qui l'aime d'un sentiment paternel ; sans doute destinée à épouser le commandant Genestas.

– Adrien GENESTAS. Fils de la juive Judith et adopté par le commandant Genestas ; vient se faire soigner chez le médecin Benassis.

– Pierre-Joseph GENESTAS : commandant de cavalerie, ayant servi sous Napoléon, qu'il vénère ; il a recueilli l'enfant de la femme qu'il aimait, et qui l'a trahi pour son subordonné ; il termine sa carrière comme lieutenant-colonel.

– GOGUELAT : ancien soldat de Napoléon, raconte à la veillée des contes populaires et l'épopée de son héros.

– GONDRIN : pontonnier de l'armée de Napoléon ; s'est conduit en héros pendant la débâcle de la Bérésina.

– JACQUOTTE : servante de Benassis, dont elle dirige la maison avec vigueur et efficacité.

– TONNELET : premier notaire du bourg dont Benassis est le maire.

– JANVIER : curé du bourg dont Benassis est le maire ; prêtre éclairé et attentif au bien-être de ses paroissiens.

– M. et Mme VIGNEAU : le briquetier et sa femme qui, par leur labeur, contribuent à la prospérité et à la réputation du bourg.

Monocle - tournai - 64 ans - 23 avril 2021


Le Médecin de campagne 10 étoiles

Ce livre de Balzac raconte comment l'arrivée d'un médecin changera drastiquement un petit village. Il raconte à son interlocuteur comment il s'y est pris pour assainir les moeurs et avec quelle efficacité il a construit l'économie complète du village. De plus, au fur et à mesure de la lecture, on découvre les passé des personnages principaux à travers leurs confessions.

La première partie du roman est quand même très naïve et remplie de la pensée magique sur la facilité de redresser une économie. C'est ce qui fait en même temps le charme du livre. La seconde partie sur les confessions est aussi excellente et elle est très Balzacienne. L'auteur raconte l'histoire tragique des trois personnages principaux.

C'est vraiment un livre très agréable et facile à lire.

Exarkun1979 - Montréal - 44 ans - 14 novembre 2012