Les enfants de l'Arche
de Martine-Marie Muller

critiqué par Marvic, le 11 mars 2012
(Normandie - 65 ans)


La note:  étoiles
Six enfants plus un
1944: Jouvence Ozanne met au monde son sixième enfant; c'est une petite fille qu'elle appelle Sixtine. Son mari, Christophe a été tué; elle est seule avec six enfants pendant la fin de la guerre, à Rouen, résistante et marinière sur l'Arche, seulement aidée de Géronimo, marin au service de la péniche, et peut-être un peu plus que ça.
Pendant son séjour à la maternité, Jouvence a eu la mauvaise idée d'appeler une assistante sociale pour s'occuper des 5 autres enfants restés seuls sur la péniche. Mais Jeannette Mersch est une fonctionnaire intraitable; ces enfants doivent être placés à l'Assistance Publique; pas question de les laisser à cette mère irresponsable…
Quand quelques jours après la naissance, Jouvence apprend qu'elle est atteinte d'une leucémie et qu'il ne lui reste que quelques mois à vivre, elle va reprendre ses enfants accompagnés d'un petit septième, Jacob, voisin de lit des garçons, petit enfant juif orphelin.
Pour éviter qu'ils ne retournent dans un orphelinat et qu'ils ne soient une charge les uns pour les autres, elle va trouver une famille ou une personne adéquate pour chacun d'entre eux: Elémir, l'ainé déjà presque adulte, Balthazar, enfant rieur handicapé d'une jambe, Sauveur, le plus chétif et discret, Aurore petite fille décidée au caractère entier et la petite Cornélie, adorable petite (avant-) dernière.

1962: Jacob Von Oeringen contacte Antoine Désombières, ancien résistant, ancien flic qui habite dans une soupente rouennaise avec les souvenirs de sa femme et de son fils brulés vifs après une dénonciation et l'alcool pour éviter de souffrir. Choisi parce qu'il est lui aussi un orphelin, il va accepter la mission que lui confie Jacob: retrouver les six enfants de la famille Ozanne.

Alors, tout doucement, à partir d'infimes souvenirs, il va partir sur les traces de ces enfants placés judicieusement par leur mère avec comme seul fil rouge, un médaillon qu'elle leur a tous donné et une énigmatique comptine, mais il va s'intéresser aussi à la propre histoire de Jouvence, son parcours atypique et rebelle qui l'a amené à faire ces choix.

Nous allons suivre l'enquêteur à travers le pays de Caux, suivre aussi les questionnements de tous ces enfants abandonnés mais aussi ceux d'un officier nazi que Jouvence aura sauvé, qui l'aura aimé passionnément et père adoptif de Jacob que Jouvence lui avait confié pour son don pour le violon.

Si l'on peut regretter quelques lourdeurs dans l'écriture, une certaine pesanteur dans les descriptions des paysages, une redondance dans la présentation des Cauchois (et pourtant je le suis!), quelques invraisemblances (c'est un roman!) , le récit est très bien construit.
La quête de chaque personnage nous emmène vers la découverte d'un nouvel élément, de nouveaux souvenirs, d'une nouvelle vision des événements de ces mois tourmentés.

Je me garderai bien de dire quoi que ce soit sur le déroulement de ce touchant et sentimental roman qui m'a permis de faire la connaissance d'une normande d'adoption dont je lirai probablement d'autres ouvrages tellement j'ai pris de plaisir à la lecture de celui-ci.