L'identité de la France : Tome 1, Espace et histoire
de Fernand Braudel

critiqué par Falgo, le 1 mars 2012
(Lentilly - 84 ans)


La note:  étoiles
Une ambition exceptionnelle, une somme considérable
Introduction générale:
Pour Braudel, il est clair que l'identité de la France, c'est son histoire. Non pas tronquée, réduite et manipulée comme l'a montré un récent débat, mais restituée sur le très long terme, elle est ici rendue intelligible dans son parcours sur quatre millénaires.
Le projet de Braudel comportait initialement quatre parties: Espace et Histoire; Les hommes et les choses; Etat, Culture, Société; La France hors de France. Malheureusement, seules les deux premières ont été écrites, les deux dernières nous manquent à jamais.
L'ensemble est impressionnant par la maîtrise dont Braudel fait preuve dans les différentes sciences de l'homme qui concourent au projet: histoire, géographie, ethnologie, archéologie, économie, sociologie. L'auteur construit des grandes perspectives comme il s'intéresse à des évolutions, pour lui significatives de l'ensemble, localisées dans un espace très limité. Il ne s'agit donc pas d'une synthèse ramassée, mais d'une oeuvre large aux perspectives multiples, et, parfois, déroutantes, nécessitant plusieurs lectures pour être vraiment assimilée.
Je rendrai compte de chacun des trois volumes séparément, sans répéter la présente introduction.

Le premier tome "Espace et Histoire" fait redécouvrir l'extraordinaire diversité dont est faite la France. Bien sûr, il y a la division Nord-Sud (l'axe Saint Malo - Genève) qui s'explique par l'origine différente des populations: au Nord, une population venant d'Europe Centrale habituée de longue date à l'agriculture en sol profond et à l'élevage bovin; au Sud une population venue d'Orient adepte de l'élevage ovin transhumant et de la culture arbustive (olivier, vigne). Ce profond clivage se renforce d'une constellation de civilisations vivaces, très locales et à faible rayon.
Braudel montre comment cette diversité s'est structurée selon un premier échelon (villages et bourgs et ville liés, faisant l'objet de nombreuses monographies éclairantes), qui subsiste encore largement aujourd'hui, et comment ce premier échelon de regroupement a été complété par la puissance d'une autorité centrale, l'établissement d'un réseau de transports et d'échanges commerciaux multiples.