La désobéissance civile
de Henry David Thoreau

critiqué par Monde Vrai, le 26 février 2012
(Long Beach - - ans)


La note:  étoiles
Instructif
Excellent ouvrage dans lequel Thoreau nous apprend à désobéir, à entrer en rébellion quand la république ne protège plus ses citoyens, ou les empêche tout simplement de commercer, de vivre leur vie normalement, tout en altérant le sacré ainsi que les fondamentaux. Pour toute forme de résistance - même quand elle est mal vue...

A signaler pour les ignorants que H.D.T. a véritablement été enfermé à son époque. Il ne s'agit en aucun cas d'un philosophe de boudoir, donc.


[Une citation de lecteur parmi d'autres]

"Dans ce livre, Thoreau discerne la loi, du bien. Une loi peut-être mauvaise et doit alors être combattue. Dans les démocraties actuelles, comme dans l'Amérique de Thoreau au 19ème siècle, la majorité décide de ce qui est ou deviendra légal (souvent par le biais de ses députés), mais gare à ne pas confondre légalité et justice ! Un petit nombre ou même UN SEUL INDIVIDU pourrait s'avérer plus JUSTE que la majorité." Adam Zitten.

[résumé de l'éditeur]

Mis en prison pour avoir refusé de payer une taxe destinée à financer la guerre contre le Mexique, Henry David Thoreau crée le concept de désobéissance civile en 1849. Son essai La Désobéissance civile a inspiré Tolstoï, Martin Luther King et Gandhi. S'il semble évident que la Loi doit, par principe, être toujours respectée, le concept de désobéissance civile semble prendre aujourd'hui un nouvel essor et gagner de nouveaux partisans. Mais quelles sont les justifications politiques et philosophiques à la désobéissance civile ? Noël Mamère, élu Vert, maire de Bègles, qui a participé à des arrachages illégaux d'OGM et qui a célébré en 2004 le premier mariage homosexuel de France présente ce texte fondateur. Cet essai est accompagné de l’article du Monde Diplomatique intitulé « Jusqu’où obéir à la Loi », daté d'avril 2006.
De la contestation du gouvernement 4 étoiles

Dans ce court pamphlet, Henry Thoreau explique comment il en vient à contester l’autorité de l’Etat (du gouvernement plus précisément). Dans un contexte assez lourd dans les années 1850 aux Etats-Unis, la question de la légitimité de l’autorité du gouvernement se pose naturellement… comment soutenir un gouvernement qui perçoit des taxes pour mener une guerre contre un autre Etat (le Mexique ici), guerre qui n’est pas juste selon les critères généralement admis. Comment soutenir un gouvernement qui autorise une activité avilissante telle que l’esclavage ? Ces questions sont légitimes, que peut faire le citoyen face à cette entité supra-individuelle qu’est l’Etat incarné dans le gouvernement.
Thoreau fera de la prison pour avoir refusé de verser l’impôt qu’il était tenu de payer. A ce titre, on peut voir en lui l’un des premiers tenants de la philosophie de l’action, l’individu-citoyen qui agit afin de faire entendre sa voix, et plus, qui agit sciemment afin de se soustraire à ses prétendues obligations au risque de se mettre en porte-à-faux avec les autorités et d’en payer le prix.
Pamphlet et non essai car cette question, centrale selon moi, méritait sans doute beaucoup plus de développement… ce texte est beaucoup trop court et n’examine pas, loin de là tous les aspects de la question. Certes, il est du devoir du citoyen de se révolter contre un gouvernement injuste… mais qu’est-ce que l’injustice ? Quels sont les grands principes qui fondent le caractère juste ou injuste d’une position… ? Une situation m’a toujours parue particulièrement frappante, celle du général de Gaulle : en 1940, rebelle à l’autorité de l’Etat qu’il était légitimement en devoir de servir, il déserta afin de poursuivre la lutte des forces du « bien » contre les forces du « mal » (je mets des guillemets afin de souligner le caractère peu philosophique de ces notions). Revenu au pouvoir après une longue traversée du désert, il fit condamner lourdement des généraux dans le cadre de la guerre d’Algérie alors qu’eux aussi avaient cru agir par justice- tout est donc relatif. L’histoire juge les hommes mais les vainqueurs écrivent l’histoire…
Ce pamphlet constitue selon moi une bonne accroche à une discussion qu’il faudrait prolonger avec des auteurs plus consistants.

Vince92 - Zürich - 46 ans - 15 septembre 2015