Dans ce court pamphlet, Henry Thoreau explique comment il en vient à contester l’autorité de l’Etat (du gouvernement plus précisément). Dans un contexte assez lourd dans les années 1850 aux Etats-Unis, la question de la légitimité de l’autorité du gouvernement se pose naturellement… comment soutenir un gouvernement qui perçoit des taxes pour mener une guerre contre un autre Etat (le Mexique ici), guerre qui n’est pas juste selon les critères généralement admis. Comment soutenir un gouvernement qui autorise une activité avilissante telle que l’esclavage ? Ces questions sont légitimes, que peut faire le citoyen face à cette entité supra-individuelle qu’est l’Etat incarné dans le gouvernement.
Thoreau fera de la prison pour avoir refusé de verser l’impôt qu’il était tenu de payer. A ce titre, on peut voir en lui l’un des premiers tenants de la philosophie de l’action, l’individu-citoyen qui agit afin de faire entendre sa voix, et plus, qui agit sciemment afin de se soustraire à ses prétendues obligations au risque de se mettre en porte-à-faux avec les autorités et d’en payer le prix.
Pamphlet et non essai car cette question, centrale selon moi, méritait sans doute beaucoup plus de développement… ce texte est beaucoup trop court et n’examine pas, loin de là tous les aspects de la question. Certes, il est du devoir du citoyen de se révolter contre un gouvernement injuste… mais qu’est-ce que l’injustice ? Quels sont les grands principes qui fondent le caractère juste ou injuste d’une position… ? Une situation m’a toujours parue particulièrement frappante, celle du général de Gaulle : en 1940, rebelle à l’autorité de l’Etat qu’il était légitimement en devoir de servir, il déserta afin de poursuivre la lutte des forces du « bien » contre les forces du « mal » (je mets des guillemets afin de souligner le caractère peu philosophique de ces notions). Revenu au pouvoir après une longue traversée du désert, il fit condamner lourdement des généraux dans le cadre de la guerre d’Algérie alors qu’eux aussi avaient cru agir par justice- tout est donc relatif. L’histoire juge les hommes mais les vainqueurs écrivent l’histoire…
Ce pamphlet constitue selon moi une bonne accroche à une discussion qu’il faudrait prolonger avec des auteurs plus consistants.
Vince92 - Zürich - 47 ans - 15 septembre 2015 |