Mon frère, le fou
de Séra

critiqué par Dirlandaise, le 16 février 2012
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
L'homme et l'oiseau
Pour ce magnifique album, Séra a choisi la Bretagne pour situer son histoire. Étonnant de la part d’un auteur né au Cambodge et dont le pays natal constitue souvent la toile de fond de ses récits.

Un jeune pêcheur breton excelle dans son métier à un point tel que les vieux s’interrogent sur les raisons de son incroyable succès. Gaël bénéficie de l’amitié d’un fou, ces oiseaux de mer qui savent où se trouvent les poissons. Mais sa réussite à des conséquences inattendues sur sa famille. Son frère, Joël, développe envers lui une véritable aversion et lorsque la mère veut déshériter un des deux frères, la haine montre le bout de son nez. Flore, une séduisante jeune femme venue au village en touriste, rêve de monter à bord du bateau de Joël mais dans quel but précis ?

Visuellement, l’album est d’une qualité exceptionnelle. Mais peut-il en être autrement avec un dessinateur de talent tel que Séra ? Ses dessins sont toujours aussi beaux, précis, d’une finesse et d’une douceur remarquables. Les visages en particulier sont très expressifs et les scènes de pêche sont à couper le souffle mais Séra excelle aussi dans les dessins de bâtiments comme on peut le constater en contemplant le bar « L’escale » où les pêcheurs viennent se détendre après une grosse journée de labeur. Une scène du village breton à la brunante a retenu mon attention en raison de sa beauté et de sa poésie. L’album est truffé de belles illustrations, c’est un régal pour l’œil. La dernière de toutes, celle des souliers rouges, est d’une grande beauté. Vraiment, je suis impressionnée par le talent de Séra.

L’histoire par contre m’a légèrement agacée. Trop classique, trop peu étoffée, assez mince comme scénario et c’est fort dommage pour un album de cette qualité. Mais ceci est un avis personnel, je suis certaine que d’autres aimeront cet antagonisme entre deux frères ennemis.

Pour ma part, je considère que c’est une bande dessinée où le côté visuel domine largement ce qui est amplement suffisant pour s’y attarder. Le contraste entre cet album et les précédents que j’ai lus est saisissant. Une telle douceur et une telle luminosité après les horreurs de la guerre au Cambodge, c’est tout de même étonnant.