A bout de souffle
de Thibault Isabel

critiqué par Marie75, le 13 février 2012
( - 52 ans)


La note:  étoiles
Sur l'épuisement du monde civilisé
L’auteur étudie le mal de vivre, le flou identitaire et la douleur d’exister qui font jusqu’à un certain point partie intégrante de notre condition. Son livre rassemble des études et des entretiens qu’il a donnés sur ce sentiment exacerbé de malaise intérieur. Cette « dépression » qui semble caractériser nos sociétés hypermodernes. L'examen du problème de civilisation est au coeur de ses textes et de sa pensée.
Il montre que depuis le tournant des années 1830 et l’entrée brutale dans la révolution industrielle, l’Occident semble submergé par une vague plus ou moins généralisée de « spleen », que les auteurs romantiques qualifiaient avec optimisme de « mal du siècle », sans savoir que nous l’éprouverions encore près de deux cents ans après eux… La « dépression » semble être partout (dans l’art, les publications médicales, les magazines, les reportages télévisés…), superficiellement soignée par les traitements pharmacologiques à la mode, comme une rustine apposée sur un navire en voie de perdition. "A force de trop courir, on s'épuise. L'heure est venue je crois où le monde commence à perdre son souffle" écrit Thibault ISABEL à la fin de son avant-propos.
Les textes rassemblés dans ce livre se proposent de faire le point sur quelques-uns des aspects les plus marquants du nihilisme contemporain, dont le surpassement constituera selon l’auteur le principal défi des siècles à venir.