Gènes, génomes et société
de James Dewey Watson

critiqué par Oburoni, le 29 janvier 2012
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
Génétique et société
James Watson fut l'un des scientifiques qui découvrit la structure de l'ADN en 1953, une découverte qui lui valut (ainsi qu'à ses collègues Francis Crick et Maurice Wilkins) le prix Nobel de Médecine en 1962. Il se consacrera par la suite à des recherches sur le cancer, avant de jouer un rôle clé dans le lancement du Projet génome humain. Illustrant toute une carrière dédiée à la génétique, "Gènes, génomes et société" est une collection d'articles et de lectures où le scientifique fait partager son enthousiasme, sa passion qui, bien souvent malheureusement, cause pas mal d'hystérie envers le grand public.

Passé les premiers essais, autobiographiques, qui permettent d'avoir un rapide aperçu de sa vie et de sa carrière James Watson nous entraine en effet au coeur d'une bataille d'importance, cruciale pour notre avenir : la révolution génétique et ses conséquences. Si, bien sûr, il explique ce qu'est l'ADN et revient sur les étapes qui en ont permis le décodage il cherche surtout, ici, à dissiper les inquiétudes qui entourent l'ingénierie génétique.

A l'heure où la science joue un rôle majeur dans nos sociétés, il regrette que l'éducation scientifique ne soit pas plus valorisée. A ses yeux deux terribles travers qui lui causent pas mal de tort pourraient être évités si tel n'était pas le cas : le scientisme d'une part (reflétant une ignorance de ses enjeux et du véritable fonctionnement de ses découvertes), et une ignorance des basiques même de certains faits scientifiques d'autre part, ignorance qui n'aide pas à se faire des opinions valables sur des questions ô combien de plus en plus importantes.

Des organismes génétiquement modifiés au clonage, James Watson remet pas mal de points sur les i, ridiculisant au passage les malentendus qui circulent. Sans ignorer les inévitables questions d'éthique (tout un chapitre est par exemple consacré à l'eugénisme nazi et ses conséquences depuis sur la recherche en Allemagne) il défend en effet, fougueusement, les incroyables avancées permises par l'ingénierie génétique. Engagé et instructif, son point de vue se veut rassurant. Polémique et pertinent, il sert aussi une réflexion plus que bienvenue.

Dommage qu'il soit un si piètre écrivain ! Très technique par moment, comme ayant du mal à descendre de sa tour d'ivoire le savant s'avère en effet être un pauvre vulgarisateur et la lecture de ce livre, pourtant très intéressant et des plus utile, demande un effort certain. Au fond c'est décevant parce que "Gènes, génomes et société", bien qu'un excellent aperçu des enjeux de la génétique souffre de ce manque de clarté. Je le recommande toutefois chaudement.